08.11.2024

Deux mois après l’ouverture de la Maison des femmes, quel est le bilan ?

La maison des Femmes a ouvert ses portes début septembre à Saint-Martin. Après deux mois, Sibel Aydin, directrice de l’établissement, dresse un bilan positif du lieu où de nombreuses femmes vulnérables et victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles ont pu recevoir de l’aide.

«Chaque jour, dix à quinze femmes franchissent les portes de la Maison des femmes que ce soit pour avoir de l’aide, effectuer un rendez-vous ou participer à des ateliers supports», déclare Sibel Aydin, directrice du lieu. Membre du collectif Restart et établissement de l’association France Victimes 978, la Maison des femmes de Saint-Martin a ouvert en septembre cette année. Vingt-deuxième en France mais inédit aux Antilles, il s’agit d’un guichet unique pour toutes les femmes victimes de violences conjugales, intrafamiliales, sexuelles, sexistes ainsi que pour les enfants. «Ce lieu est une continuité de ce que l’on proposait avec France victimes. Le parcours de soin est pluridisciplinaire et la prise en charge est globale et sur mesure», précise la directrice.

Située à Marigot, la Maison des femmes est un lieu accueillant et bienveillant où les femmes peuvent trouver un accompagnement médico-social, psychologique, juridique et participer également à des activités bien-être. En regroupant toutes les ressources au sein d’un lieu unique, l’objectif de ce centre est de permettre une meilleure prise en charge des victimes en simplifiant le parcours de soin parfois très complexe et difficile à coordonner.

«Le bilan peut être qualifié de positif et d’encourageant pour la suite. La Maison des femmes est déjà bien identifiée sur le territoire» se félicite Sibel Aydin. «En deux mois, nous avons pu formaliser plusieurs partenariats avec les acteurs de l’île. Nous avons signé plusieurs conventions, notamment avec les services d’urgences de l’hôpital, la Croix-Rouge, la gendarmerie, France travail, la protection maternelle infantile avec une sage-femme, l’association AIDES ou encore le barreau de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy».

Ces nombreux partenariats permettent ainsi à la Maison des femmes de proposer des permanences pour répondre à différentes problématiques telles que le dépôt de plainte, le retour à l’emploi ou encore la santé sexuelle. «On tient à remercier nos intervenants et financeurs qui permettent que la prise en charge soit si complète ».

Pour suivre les victimes, l’établissement dispose aussi d'une psychologue à temps plein. En plus de ces accompagnements, des activités à volonté thérapeutiques, réfléchies en cohésion avec les partenaires ont été mises en place. Tous les après-midis, avec un roulement de quinze jours, les femmes qui le désirent peuvent participer à des ateliers bien-être tels que l’art et la danse-thérapie, la socio-esthétique, l’ostéopathie ou encore le théâtre. « Le parcours est un parcours de soin avec un grand S, il n’est pas que médical. Un concept qui a du sens et de vrais bénéfices ».

Une plainte par jour

« Il y a un véritable intérêt à cette Maison des femmes à Saint-Martin. On constate une augmentation des violences intrafamiliales qui est due, certes à la libération de la parole mais aussi, au fait qu’il y ait de plus en plus de violences», constate Sibel Aydin. En 2023, 387 victimes de violences intrafamiliales ont déposé plainte auprès de la gendarmerie, soit plus d’une femme par jour. « C’est beaucoup pour un petit territoire. On propose à toutes ces femmes notre accompagnement. L’idée c’est d’avoir un lieu agréable et confidentiel où les partenaires sont présents pour les accompagner vers la guérissons avec un suivi au plus près des besoins. Il n’y a pas un accompagnement : il y a autant d’accompagnements qu’il y a de femmes» rappelle Sibel. « Quand on voit que ça fonctionne, que la prise en charge est efficace, cela nous permet de nous rappeler pourquoi on se lève le matin », confie-t-elle.

L’objectif pour les mois prochains de la Maison des femmes ? Renforcer le partenariat avec le service des urgences de l’hôpital. «A terme, pour respecter le cahier des charges du collectif Restart, notre partenariat avec l’hôpital se doit d’être plus abouti. Cela nous permettra de faire une demande spécifique de financement auprès de l’Agence régionale de santé et de bénéficier du financement de certains mécènes. Gage de qualité et de crédibilité ». Un partenariat qui pérenniserait l’établissement et lui ferait disposer d’un médecin.

Cyrile POCREAU