Récentes fusillades : « Pour la majorité des cas, nous aurons les auteurs » indique le procureur
« On a une accélération de la délinquance sur le territoire, avec notamment ces trois décès en ce début d’année, qui font que nous sommes inquiets. Nous sommes inquiets parce qu’on peut penser (…) que d’autres actes pourraient arriver » déclare Xavier Sicot, procureur de la République de Basse-Terre. Ce mercredi 15 janvier, il organisait une conférence de presse au tribunal de justice de Saint-Martin afin de faire le point sur les récents événements criminels qui ont frappé le territoire. « Je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi ces actes se sont passés, mais il s’agit de schémas assez classiques, soit de territoires que l’on veut acquérir par la force, soit de faits commis par le passé pour lesquels on souhaite vengeance » exprime-t-il.
Pour rappel, depuis une dizaine de jours, le territoire de Saint-Martin est le théâtre de nombreux actes de violence successifs. D’abord, le dimanche 5 janvier, lorsqu’un vacancier américain, d'une soixantaine d'années, a été blessé lors d’une agression par arme à feu sur le boulevard de Grand-Case. Quatre jours plus tard, le 9 janvier, deux personnes ont perdu la vie lors d’un règlement de comptes par fusillade à Quartier d’Orléans. Derniers faits en date, ceux de la soirée du vendredi 10 janvier, où un jeune homme de 19 ans a été tué par arme à feu et deux autres personnes ont été blessées, de nouveau à Grand-Case.
Deux personnes arrêtées
Les faits, commis le 5 janvier, ont amené dès le 10 janvier, à la présentation de deux personnes devant le parquet ainsi que le juge d’instruction. Ces dernières, dont une des deux est mineure, sont mises en cause, à la fois pour des faits de vol avec armes et de violences aggravées. Elles sont, à l’heure actuelle, incarcérées. Les investigations se poursuivent, sous l’autorité du juge d’instruction. « Nous espérons, à brève ou très moyenne échéance, découvrir l'ensemble des protagonistes de ces faits pour leur demander de répondre de leurs actes devant la justice » déclare Xavier Sicot.
Concernant les victimes des trois homicides aggravés, le procureur indique que celles-ci étaient Saint-Martinoises. Les enquêtes sont toujours en cours. Les qualifications de meurtre en bande organisée et/ou tentative de meurtre en bande organisée ont été retenues. « Nous avons retenu la plus haute qualification, de nature criminelle, qui fait encourir à une réclusion à perpétuité. Cela nous permet aussi de mettre en œuvre des moyens de procédures plus importants que si nous étions restés sur d’autres qualifications juridiques » explique le chef de la juridiction. Concernant les faits commis le 9 janvier à Quartier d’Orléans, faisant deux morts, il indique ne pas pouvoir communiquer davantage, le dossier étant désormais pris en charge par la juridiction interrégionale spécialisée de Fort-de-France.
Face à cette escalade de violences, Xavier Sicot affirme que le parquet, ainsi que la gendarmerie mettent tout en œuvre, avec « des moyens conséquents, pour retrouver les auteurs de ces faits, les identifier et les interpeller ». Le procureur indique également faire le choix de mettre, temporairement, de côté un certain nombre de procédures en cours, afin de prioriser ces affaires. Il l’affirme : « pour la majorité des cas, nous aurons les auteurs ».
123 faits de vols avec armes en 2024
« On observe depuis septembre 2024, une recrudescence des vols avec armes. Toutefois, nouveauté : en plus de l’exhiber, on s’en sert ». 123 faits de vols avec armes ont été comptabilisés en 2024, un chiffre qui a quasiment doublé par rapport à l’année précédente. « On observe que des équipes se constituent, des équipes de jeunes personnes âgés le plus souvent de 16 à 36 ans, avec une majorité de 18 à 25 ans, qui vont monter au braquage avec une arme sur eux et parfois s’en servir. Ces équipes constituées ne commettent, le plus souvent, pas qu’un seul fait ». Aujourd’hui, toujours d’après le procureur, la bascule se trouve également dans le fait que, de petits commerces, ces délinquants s’en prennent désormais à des personnes isolées, souvent la nuit, souhaitant simplement profiter du territoire. En ce qui concerne les armes utilisées dans les homicides, « on peut craindre qu’une partie d’entre elles soit des armes de catégorie A, des armes de guerre » s'inquiète-t-il. Fermement opposé à leur circulation, le chef de la juridiction souhaite les faire « sortir du territoire ».
Dernier point évoqué par le procureur de la République, celui de la peur de parler de nombreux Saint-Martinois, par crainte des représailles. Afin d’éviter que « cette escalade ne se termine par un drame » avec « des dommages collatéraux », Xavier Sicot indique que des moyens de procédures existent pour remplir ce rôle de citoyen de façon sécurisée, avec notamment le témoignage anonyme.