Une Saint-Martinoise condamnée pour avoir transporté de la cocaïne
Les faits remontent au 5 mai 2022. LS, à ce moment-là âgée de 20 ans, est à l’aéroport de Matoury en Guyane. En partance pour Paris, la Saint-Martinoise se fait contrôler par la police aux frontières.
Interrogée par les forces de l’ordre, elle prétexte avoir rendu visite à son grand-père. Ne sachant donner l’adresse de ce dernier, la cohérence de ses dires est rapidement mise en doute. Après un test urinaire, la jeune femme se révèlera positive à la cocaïne. En tout, ce sont plus de 2kg700 qui seront retrouvés dans son corps ainsi que dans ses affaires, emballés dans des petits étuis type « savonnette » et cachés dans des plats en sauce.
Mise en garde à vue, LS reconnaît les faits. Elle raconte avoir entendu une discussion en mangeant dans un restaurant de fast-food de la ville de Toulouse, où elle comprend qu’il est possible de se faire de l’argent facilement.
Après discussion, la jeune femme indique avoir été recontactée par les trafiquants, avec un voyage vers la Guyane organisé et tous frais payés. Elle raconte cependant ne pas savoir qu’il s’agissait de cocaïne, et encore moins de la dangerosité de ce qu’il lui était demandé.
« Vous ne pouvez pas vous lancer dans cette mission sans en connaître les risques » déclare la juge. Une affirmation partagée par Xavier Sicot, procureur de la République. « Quand on encourt une peine de dix ans et qu’on ne se présente pas, je m’interroge » commence-t-il en faisant référence au renvoi du procès prononcé le 18 avril dernier. « Elle a eu beaucoup de chance. On parle quand même de plus de 2,5 kg de cocaïne. Comment ne peut-elle pas avoir conscience de faire partie d’un des rouages du grand banditisme ? C’est une mule, il n’y a pas d’autres mots. C’est elle qui s’intéresse à la discussion car il y a de l’argent à se faire. Elle a quand même été en capacité de mentir aux services des douanes. Si elle n’avait pas été prise, aurait-elle continué ? » s’inquiète-t-il. Ayant constaté un numéro hollandais dans le téléphone de la jeune femme, le représentant de ministère public s’interroge également sur la véracité du discours de la jeune femme, craignant que le trafic vienne en fait de Sint-Maarten. Au vu de la gravité des faits, le procureur de la République demande deux ans de prison dont dix-huit mois de sursis probatoire, une amende de 5 000 euros, une obligation de travailler, une interdiction de séjour en Guyane pendant cinq ans et une confiscation des scellés, soit trois téléphones. « Ce sont des actions qui créent des préjudices pour l’ensemble de la population » condamne-t-il.
Aujourd’hui en formation pour devenir secrétaire médico-sociale, la jeune femme qui ne présente pas de casier judiciaire n’a pas fait reparler d’elle depuis cette affaire. « Si elle a fait ça, c’est parce qu’elle s’est sentie acculée par sa tante qui lui demandait un loyer. Elle n’a pas cherché activement à rentrer dans ce réseau. Elle a entendu et ils l’ontcontactée. Elle pensait qu’elle allait transporter du cannabis mais elle n’a pas eu le choix, ces quatre hommes étaient là, elle était intimidée. Des étrangers qui lui ont introduit ça dans le corps, elle a mal, elle est honteuse. C’est un pion. Il ne faut pas en faire un exemple mais remettre dans le contexte par rapport à qui elle est. Je demande de la bienveillance face aux souffrances physiques et morales qu’elle a subies» la défend maître Chiche-Maizener. Concernant le numéro hollandais, selon l'avocate, il s’agissait tout simplement du numéro du petit ami de LS. « J’ai honte, même ma famille ne sait pas ce que j’ai fait » conclut l’accusée.
Après en avoir délibéré, le tribunal la reconnait coupable des infractions qui lui sont reprochées. En répression, la condamne à un an d’emprisonnement ferme sans aménagement, à une peine d’amende de 5 000 euros, à une interdiction de séjour en Guyane pendant une durée de 5 ans et à une inéligibilité pendant une durée de 5 ans. Le tribunal ordonne également la confiscation des scellés ayant permis de réaliser l’infraction.