11.02.2025

Team Gibbs 2022 : départ d’un préfet "complice par son silence"

"Le départ du préfet Vincent Berton de Saint-Martin vers la Corrèze ne suscitera en nous ni nostalgie ni regret. Il marque la fin d’un long épisode où l’inaction de l’État a facilité, par indifférence ou par calcul, des dérives qui mettent aujourd’hui en péril l’avenir de notre collectivité.

Pendant trop longtemps, nous avons assisté à une dérégulation silencieuse, à une érosion progressive des principes fondamentaux de la bonne gouvernance et à une tolérance coupable envers des décisions hasardeuses.

Que retiendrons-nous de son passage ? Une présence fantomatique lorsque la situation exigeait fermeté et responsabilité. Une absence de réaction face aux alertes répétées de l’opposition, qui dénonçait des irrégularités manifestes. Une bienveillance dérangeante à l’égard de pratiques qui auraient dû déclencher une riposte immédiate et sans ambiguïté.

Si le préfet V. Berton semble satisfait de son bilan, nous ne partageons ni son enthousiasme ni son indulgence à l’égard des dysfonctionnements qui se sont multipliés sous son regard. Depuis l’élection en 2022 du président Louis Mussington et de sa majorité, nous avons assisté à une montée en puissance de décisions aussi douteuses que nuisibles pour Saint-Martin : des recrutements ont fait exploser la masse salariale, alourdissant dangereusement les finances publiques ; la reprise partielle des actifs de la compagnie aérienne Air Antilles est devenue le gouffre financier que nous craignions et que nous avons eu à dénoncer dès le début de l’opération ; des budgets votés insincères ; un verrouillage institutionnel savamment entretenu qui a permis d’écarter les contrepouvoirs et d’opacifier la gestion des affaires publiques ; des marchés publics qui se sont transformés en une zone d’ombre ; une gestion approximative et opaque, qui aurait dû susciter l’intervention immédiate de l’État ; une opposition muselée qui a été systématiquement méprisée, entravée dans son droit fondamental d’accéder aux informations de la collectivité et de ses satellites,etc.

Mais en lieu et place d’une vigilance rigoureuse, nous avons eu droit à une neutralité complice, à un contrôle de légalité parfois inexistant. Le préfet a pourtant été alerté. Chaque manquement, chaque dérive, chaque décision douteuse repérés lui ont été signalés.

Nos interpellations n’ont suscité que des réponses évasives, des justifications alambiquées, voire un silence assourdissant. Là où nous attendions une incarnation juste et ferme de l’autorité de l’État, nous n’avons trouvé qu’une présence passive, soucieuse de ne pas froisser le pouvoir en place.

Loin d’exercer sa mission d’arbitrage impartial, le préfet a semblé entretenir avec l’exécutif local une proximité dérangeante. Sous couvert de préoccupations sociales ou de considérations politiques, il s’est rendu complice par son inaction d’une gestion hasardeuse. Pourquoi les nombreuses irrégularités relevées n’ont-elles pas fait l’objet des transmissions obligatoires prévues par l’article 40 du code de procédure pénale ?

Aujourd’hui, les faits sont là. La chambre territoriale des comptes a rendu un rapport provisoire accablant, qui sera publié dans les semaines à venir. Il confirmera, sans doute possible, ce que nous dénonçons depuis 2022.

Avec l’arrivée d’un nouveau préfet, nous voulons croire en un sursaut salvateur. Nous espérons un représentant de l’État à la hauteur des défis qui attendent Saint-Martin, un préfet qui saura faire preuve d’impartialité, de rigueur et d’intégrité dans l’intérêt général de notre territoire. Nous portons l’espoir que son successeur saura démontrer que l’État est juste et fort, qu’il n’a pas, encore une fois, abandonné Saint-Martin."

Philippe Philidor, Marie-Dominique Ramphort, Daniel Gibbs, Alain Gros-Desormeaux, conseiller territoriaux.

Anonyme