21.02.2025

Commerçants de Marigot : "Nous n’attendons plus des discussions. Nous exigeons des actes."

«On ne sait plus à qui s'adresser. On n'arrête pas d'alerter, on n'arrête pas de dire qu'on a des problèmes, mais pour l'instant, on est laissé à l'abandon. L'Auberge de la mer sur la marina Royale, est dans cet état depuis Irma.» Ce constat est celui de l'association des commerçants et restaurateurs de Marigot (AEC). Elle a invité hier les médias locaux à une conférence de presse pour tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme et interpeller les autorités. «Nous n’attendons plus des discussions. Nous exigeons des actes», clament-ils.

«Une personne est tombée car il manquait un carreau de carrelage au sol ; la vice présidente de la COM qui était dans un restaurant, a assisté à l'incident, a pris des photos. On nous a dit que cela allait être réparé... C'était il y a un an», raconte, lassée, la gérante d'un restaurant. Lassée mais aussi inquiète. Le 14 février dernier, son établissement a été la cible d'une attaque en plein service par «des individus vêtus de noir et masqués». La gérante fait face à des annulations de réservations et constate que les clients les plus aisés ne viennent plus. Un client de l'un de ses confères et une employée de salon de coiffure se sont aussi fait agresser. «En deux semaines, six agressions, sept braquages. Des habitants, des touristes, des établissements pris pour cible. Ces chiffres sont bien plus qu’une statistique. Derrière, il y a des visages, des familles, des salariés qui n’osent plus rentrer tard chez eux. Des commerçants qui ferment plus tôt, qui perdent espoir, qui songent à partir. Cette insécurité nous vole nos nuits, nos revenus, notre dignité», confient les commerçants. «Nous n'avons pas de gendarmerie, ni police territoriale. Tout est concentré sur Quartier d'Orléans et Grand Case», observent-ils tout en sachant que les forces de l'ordre «ne peuvent pas être partout».

«L'urgence ? Nous attendons une action concrète pour la marina et le centre-ville», insiste Yann Lecam, le président de l'association. «Depuis sept ans, nous nous battons sans relâche pour redonner vie à la marina et au centre-ville de Marigot, car ce sont bien les commerçants et les restaurateurs qui redonnent vie. Nous avons investi, travaillé, cru en un renouveau. Mais aujourd’hui, ce que nous avons bâti est en péril. Nous avons échangé avec la Collectivité, la CCI, les services compétents. Nous avons entendu des intentions, vu des démarches engagées. Mais les intentions ne protègent pas les commerçants, et les démarches ne sécurisent pas les rues», déclarent ces derniers.

L'association souhaite interpeller la COM sur les conséquences de cette «insécurité [qui] détruit tout : commerces, emplois, finances publiques». «Ce fléau ne concerne pas seulement les commerçants. Un centre-ville qui se vide, c’est toute l’île qui s’affaiblit. Moins de visiteurs, moins d’investisseurs, moins d’emplois et aussi moins de recettes pour la Collectivité. Un centre-ville sinistré, c’est une TGCA en chute libre. C’est une économie en déclin qui met à mal les finances publiques. Moins d’activités, c’est une Collectivité qui perd en autonomie et en capacité d’action», conçoit-elle. Et d'insister : «chaque commerce qui ferme, c’est de la richesse qui disparaît pour l’ensemble du territoire.»

Lors de la conférence de presse, l'association a listé «des actions concrètes» qu'elle aimerait voir être mises en place rapidement. Parmi lesquelles : un renforcement urgent des dispositifs de sécurité, davantage de forces de l’ordre visibles sur le terrain, des rondes renforcées, un plan de riposte en cas d’agression, une clarification du projet de délégation de service public (DSP) pour la marina, plus d’éclairage, de propreté, d’entretien.

«Un centre-ville doit inspirer la confiance, pas la crainte. Nous n’avons plus besoin de constats ni de promesses. Nous avons besoin de décisions et d’actions», martèlent les commerçants qui aimeraient aussi que les propriétaires de biens endommagés sur la marina, prennent leur responsabilité en les sécurisant. A défaut que des arrêtés de mis en péril soient pris par la COM.

Angélique Roy