Energie : investir 28 M€ pour économiser 133 M€ de coût de production
En décembre l'année dernière, la commission de régulation de l'énergie (CRE) a validé le plan de compensation pour les petites actions de MDE (maîtrise de l'énergie) à Saint-Martin pour la période 2025-2028. Ont ainsi été actés 28,6 millions d'euros.
Ce montant correspond au financement d'actions telles que l'usage de brasseurs d'air, de chauffes-eaux solaires, l'isolation de murs, etc., devant limiter la consommation d'énergie sur le territoire mais aussi, et surtout, réduire localement la production d'électricité et ses surcoûts ; lesquels sont en partie financés par les charges de service public de l'énergie (CSPE) payées par tous les clients EDF. A Saint-Martin, ces charges sont estimées à 26,9 millions d'euros pour la période 2025-2028.
Les actions ont été décidées par un comité MDE composé localement par des représentants de la COM, de l'Ademe, de la Deal/préfecture et d'EDF. Elles sont inscrites dans un document soumis à la CRE qui le valide en fonction de l'efficacité des actions et de leur pertinence à être financées. Par exemple, la CRE s'oppose à soutenir la mise en place de pompe de piscine à vitesse variable. Bien que «les piscines constituent un poste de consommation particulièrement élevé chez les particuliers», «les cadres de MDE n’ont pas vocation à financer des solutions auprès de bénéficiaires ayant la capacité à investir sans incitation nécessaire», estime-t-elle.
Si un particulier ou une entreprise décide de mettre en place chez lui une des actions suggérées, il doit solliciter un professionnel agréé et bénéficiera d'une prime dont le montant est plafonné. Au total, 28,6 millions d'euros de primes sont prévus d'être distribuées en quatre ans : 4 millions cette année, 6,6 millions en 2026, 9 millions en 2027 et 9 millions encore en 2028.
Parmi les actions éligibles, l'équipement en climatiseur performant (A++ ou A+++). Le comité MDE a prévu l'installation de 800 appareils par an chez les entreprises avec une prime allant de 200 à 350 euros selon l'appareil et l'année. L'ambition est plus élevée pour les particuliers : il est imaginé l'installation chez eux de 6 000 climatiseurs performants entre 2025 et 2028 avec des primes allant de 250 à 300 euros.
Le comité espère convaincre particuliers et entreprises à s'équiper également en chauffe-eau solaire. Il est prévu de soutenir l'installation de 75 000 appareils par an chez les entreprises, 2 900 chez les particuliers en quatre ans et 2 000 chez les particuliers très précaires.
Des primes sont aussi disponibles pour que chacun isole ses combles, murs et toitures. Par exemple, pour les particuliers, le comité MDE a prévu l'isolation de 5 000 mètres carrés de murs par an avec une prime de 14 euros par mètre carré. Les entreprises peuvent être soutenues pour rénover leur meubles frigorifiques ; une prime de 300 euros par mètre linéaire est fixée.Autre exemple d'action MDE, l'installation de brasseurs d'air. Le comité a estimé à 16 000 le nombre de brasseurs d'air qui pourraient être installés chez les particuliers (dont 8 000 chez les plus précaires) et 2 000 chez les entreprises jusqu'en 2028.
Toutefois, la CRE a mis en garde le comité sur ces dernières actions de la famille «ventilation». «Si une prime élevée peut être nécessaire au lancement du cadre, elle risque, une fois les filières créées, d’entrainer un effet d’aubaine, et une explosion des placements telle que constaté dans en 2022 et 2023 en Guadeloupe et en Martinique par exemple», a-t-elle souligné. Aussi lui a-t-elle demandé de «rester attentif au rythme de déploiement des actions de cette famille, et d’entériner une baisse rapide des niveaux de primes en cas de dépassement des trajectoires prévisionnelles». A ce jour, il est proposé une prime de 200 euros aux particuliers (et 250 euros pour les plus précaires) par brasseur installé. De plus, la CRE rappelle «qu’un reste à charge nul pour le bénéficiaire peut, par effet rebond, entrainer une dégradation de l’efficacité des actions entreprises, et ainsi nuire à l’objectif de maitrise de la consommation porté par le cadre».
L'ensemble de ces actions à Saint-Martin devrait permettre «d’éviter 160,5 M€ de surcoûts de production sur la durée de vie des différents dispositifs de MDE mis en place» selon la CRE et le comité MDE. Les 28,6 millions de prime seront financés à hauteur de 26,9 millions d'euros par les charges de service public de l'énergie. Au final, il est espéré 133,6 millions d'euros d'économie de coût de production de l'électricité à Saint-Martin entre 2025 et 2028. Les actions engendreront aussi «des économies d’énergie de 31,3 GWh/an en moyenne, soit 3,5 % de la consommation d’électricité du territoire de 2023», précise la CRE.
Pour en savoir plus la notion de maîtrise de l'énergie