18.03.2025

RSMA : quinze ans plus tard, l'Etat est toujours "favorable" à son implantation à Saint-Martin

Il y a des projets dont on parle pendant des années et que l'on ne voit pas aboutir. Le projet d'implantation d'un RSMA à Saint-Martin en est un exemple.

Le RSMA ou régiment du service militaire adapté a pour mission l'insertion socioprofessionnelle de jeunes âgés de 18 à 25 ans éloignés de l'emploi, ces derniers y apprennent un métier dans le cadre disciplinaire de l'armée. Il s'agit d'un dispositif propre aux outre-mer. Chaque année, entre 50 et 60 jeunes saint-martinois rejoignent celui de Guadeloupe.

Considérant que le nombre de jeunes en capacité d'intégrer le RSMA pouvait être supérieur, il a été suggéré, en 2010, de doter Saint-Martin d'un centre comprenant 70 places. Les jeunes qui ne veulent pas partir en Guadeloupe, pourront tout de même suivre une formation dans le centre.

Cette initiative est approuvée par les autorités. L'Etat l'inscrit dans le contrat de développement 2011-2013, qu'il signe avec la Collectivité fin 2010. Parmi les 80 millions d'euros d'investissements prévus durant cette période, figure la construction d'un RSMA. Il est acté que la COM mette un terrain à disposition de l'Etat en charge de la construction du site.

En septembre 2011, le conseil exécutif valide l’acquisition d’une parcelle d’une superficie de 30 215 mètres carrés à la Savane pour la somme de 2 millions d’euros. «L’acquisition du foncier était une première étape nécessaire qui nous permet d’envisager la suite. (…) Le SMA figure parmi les priorités budgétaires de mon ministère», déclare Victorin Lurel, alors ministre des Outre-mer à la veille de son déplacement à Saint-Martin en mai 2013.

Quelques mois plus tard, en novembre 2013, le ministre fait preuve de moins d'optimisme lors des débats en commission sur le projet de loi de finances 2014. Le gouvernement de François Hollande s'interroge sur ce projet lancé par le gouvernement Fillon : faut-il implanter un RSMA à Saint-Martin ou réserver des places pour les Saint-Martinois dans le centre de Guadeloupe ? «La question n'est pas tranchée», confie Victorin Lurel.

Elle le sera toutefois rapidement : faute de finances, l'Etat réduit ses investissements prévus dans le contrat de développement 2011-2013 et abandonne le projet de construction de RSMA à Saint-Martin. En contre-partie, la COM signe en 2014 une convention avec le RSMA de Guadeloupe afin de réserver 100 places par an aux jeunes saint-martinois et la renouvellera en 2021. Entre 50 à 95 jeunes bénéficient, chaque année, de formations dispensées par le RSMA de Guadeloupe.

Abandonné mais pas oublié. Le projet de RSMA à Saint-Martin trotte toujours dans les esprits. Près de dix ans plus tard, en janvier 2023, les élus sollicitent l'implantation d'une antenne du RSMA ou «compagnie de formation professionnelle» qui proposerait «trois ou quatre filières en relation avec les besoins territoriaux», à savoir BTP, tourisme, économie bleue et économie verte. La COM a adressé un dossier en préfecture afin que ce projet soit étudié dans le cadre du comité interministériel de l'outre-mer (CIOM) prévu six mois plus tard.

Bien que non retenu, le projet reste dans les esprits. Des élus. Et de l'Etat. Début 2025, soit quinze ans après avoir évoqué pour la première fois le projet, l'Etat se dit toujours «favorable ». Vendredi dernier, lors de son déplacement à Saint-Martin, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, s'est «engagé à ce que ce service militaire adapté puisse véritablement s’implanter et offrir un cadre à la jeunesse». Reste à voir où, quand et comment. Car, depuis, le terrain que la COM avait acheté à la Savane, a été utilisé pour un autre projet. A suivre.

Estelle Gasnet