25.03.2025

Il a harcelé sa collègue de travail guadeloupéenne pendant deux ans

Le tribunal de proximité de Saint-Martin a jugé une affaire de harcèlement moral au travail, jeudi 20 mars. 

«Pour lui, j’ai commis trois crimes : celui d’être une femme, celui d’être Guadeloupéenne et celui d’avoir réussi ma vie professionnelle » déclare P, la plaignante. Le tribunal de Saint-Martin a jugé jeudi dernier une affaire d'harcèlement moral au travail.

Les faits remontent entre le 23 septembre 2020 et le 10 octobre 2022. RF, l’accusé, travaille comme agent d’accueil au département développement urbain et habitat de la Collectivité. Tous les jours, il côtoie P qui exerce dans le même service. Cette dernière rapporte que pendant toute cette période, l’homme la harcèle au bureau et sur les réseaux sociaux. «Il s’est acharné sur moi. Il me reprochait de ne pas être de Saint-Martin, d’aider les blancs, d’être raciste… De façon très vicieuse, il parlait sur moi assez fort pour que j'entende. Le plus loin qu’il ait été, c’est de vouloir ma mort et celle de mes enfants» se confie la mère de famille.

Malgré plusieurs tentatives de communication, seules les poursuites judiciaire permettront de mettre un terme à ce harcèlement. Après une perte de 15 kg, P recevra dix jours d’ITT pour atteinte psychologique et physique.  

«Jamais il ne reconnaîtra avoir de l’animosité envers les femmes. Il est misogyne, xénophobe, vindicatif et lâche» rapporte l’avocat de la victime. Durant toute la durée du procès, RF, qui ne présente pas de casier judiciaire, ne reconnaît pas les faits. «Je ne suis pas quelqu’un de problématique. Je n’ai jamais eu de problème avec madame P » déclare-t-il.

Pourtant, si PS est la seule victime à être allée jusqu’au bout d’une procédure, elle n’est pas la seule à se plaindre de lui puisque trois autres femmes valident ses propos. «Il a un problème avec les gens d’ailleurs qui travaillent à la Collectivité» a déclaré la supérieure hiérarchique de l’homme.

«On sait qu’il existe une rivalité entre Saint-Martin et la Guadeloupe mais tout ceci n’a pas sa place dans le cadre du travail. Ici, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Les faits sont particulièrement caractérisés et répétés» déclare le procureur de la République. Il requiert une peine de six mois d’emprisonnement ainsi que trois ans d'inéligibilité.

La victime qui se constitue partie civile, demande 8 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 5 000 pour les frais occasionnés. «J’aime Saint-Martin, j’y vis depuis 24 ans et je ne veux pas en partir» a-t-elle déclaré.

Le tribunal a condamné le prévenu et suivi les réquisitions du parquet.

Cyrile POCREAU