25.04.2025

Yann Quennet, un tout petit bateau pour de très grands rêves

Actuellement en escale à Saint-Martin, Yann Quennet entame son deuxième tour du monde en solitaire sur son minuscule bateau surnommé « Baluchon ». Dans quelques jours, il reprendra la mer en direction de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Il est de ceux qui réalisent leurs rêves. À 56 ans, Yann Quennet entame son deuxième tour du monde à la voile. En solitaire certes, mais jamais réellement seul puisque le marin peut compter sur son « Baluchon » pour lui tenir compagnie. « Baluchon c’est un bateau que j’ai construit moi-même et qui ne ressemble en rien à ce que l’on connaît. D’ailleurs, il s’apparente plus à un jouet de petit garçon qu’à un véritable bateau » décrit-il. Il est vrai qu’il faut le voir pour le croire. Avec seulement 4 mètres de long, 11 mètres carrés de voile sur un mât de 7 mètres, deux panneaux solaires mais pas de moteur, l’embarcation « bidouillée » par le breton offre, comme son nom l’indique, le confort du strict nécessaire. La barre, il la tient debout, le corps dans la coque et la tête à l’extérieur. « À l’origine, sa petite taille était surtout pour une histoire de budget mais il y a aussi le fait que les bateaux d’aujourd’hui ne correspondent pas à ma façon de naviguer. Ils doivent être beaux, grands et pleins de technologies. Moi, je voulais quelque chose de simple, à mon image. Et puis, plus le bateau est petit, plus la mer est grande et plus l’aventure est belle » poétise Yann.

Et la grande aventure, il la vit actuellement pour la seconde fois. Après une première traversée du globe de trois ans en 2019, qu’il a raconté dans un ouvrage intitulé « Le tour du monde avec mon Baluchon », Yann réitère l’expérience. Parti de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor en juillet dernier, l’homme a fait « des sauts de puce » entre l’Espagne, Madère, les Canaries et le Cap-Vert, avant de traverser l’Atlantique avec comme ligne de mire les Antilles. Après la Guadeloupe et la Martinique, le marin a jeté l'ancre une vingtaine de jours à Saint-Martin, au chantier naval Geminga à Marigot. « J’étais déjà venu, il y a très longtemps, en 2009. J’y avais passé de bons moments et je voulais voir comment ça avait évolué. Chaque île a sa personnalité mais l’esprit de Saint-Martin, la friendly island, me convient bien. Et puis il y a plein de navigateurs ! » souligne l’aventurier. Il faut dire qu’avec Baluchon, Yann Quennet passe difficilement inaperçu auprès des baroudeurs comme des curieux. « Les gens reconnaissent le bateau. Il me permet de faire des rencontres, de créer du lien. À Grand-Case, la dernière fois, trois personnes nous ont interpellées » s’amuse-t-il.

« Des tours du monde jusqu’à plus soif »

Sous le soleil de Saint-Martin, le voyageur attend la belle saison pour rejoindre la côte Est du Canada avec comme première escale Saint-Pierre-et-Miquelon. « Passer l’hiver aux Antilles, il y a quand même pire comme situation » plaisante le breton. À la différence de son premier voyage, où il avait navigué par le Panama, l’homme se donne le défi de traverser les eaux fraîches du continent nord-américain pour rejoindre l’océan Pacifique et ses grandes étendues. Le reste du voyage, il suivra les vents et les courants dominants avec en tête, la Polynésie, l’Australie, l’Afrique du Sud et le Brésil. Un itinéraire qui devrait occuper trois à quatre ans de sa vie. Un long périple qui ne fait pas peur à l’aventurier qui, sur l’eau, se sent dans son élément. « Je ne crains pas la solitude, je me trouve de bonne compagnie. Le matin, c’est le bateau qui me réveille avec des petits réglages à faire et la suite de ma journée dépend de mes envies. Je lis beaucoup mais je suis aussi de nature assez contemplative. Le temps passe à toute vitesse » assure Yann.

Dans quelques jours, le breton reprendra la mer à bord de Baluchon. S’il confie pouvoir passer par quelques moments de doute, ceux-ci sont rapidement balayés par l’intensité des moments vécus. « Petit, j’avais déjà l’inspiration de partir comme ça en solitaire. La plus grande leçon que je retiens, c’est qu’il faut réaliser ses rêves. Beaucoup de personnes rêvent mais n’osent pas les accomplir. Le plus dur, c’est de se lancer ! Maintenant, je vis des tours du monde jusqu'à plus soif ! » conclut-il.

Cyrile POCREAU