30.09.2025

Meurtre d'Angélique Chauviré : premier jour du procès de Cuchi

Hier s'est ouvert le procès de Kathron Fortune dit Cuchi, auteur présumé du meurtre d'Angélique Chauviré. Les parents de la victime n'y assistent pas car ils sont tous les deux décédés, le reste de la fratrie est représenté par leur avocate, maitre Sandra Kollarik. Après la sélection du jury composé exclusivement de femmes, la parole est donnée au directeur d’enquête de l’époque. Lequel insiste sur les difficultés à collaborer avec la police néerlandaise.

Lorsqu’il se rend avec ses hommes sur les lieux du crime, côté hollandais, la jeune femme est allongée sur une bande de sable, à proximité d’un chemin peu emprunté. Le côté gauche de son visage est en bouillie tant l’auteur s’est acharné sur sa victime. Les enquêteurs vont l’identifier au tatouage qu’elle a sur la cheville, un scorpion, et aux vêtements qu’elle porte. C’est son père qui viendra ensuite confirmer que c’est bien Angélique.

«Nous étions tolérés comme observateurs, mais nous n’étions pas sur notre territoire, confie le chef d’enquête, et nos méthodes ne sont pas les mêmes. Comme pour l’autopsie, nous aurions procédé autrement». Quant à la pierre qui aurait servi à fracasser le crâne de la victime, elle est tout simplement restée sur place.

Du côté français les gendarmes recueillent de nombreux témoignages concordants. Et saisissent un peu mieux la personnalité d’Angélique. «Elle était souriante, sérieuse à son travail et aimait bien faire la fête aussi. Elle fréquentait le milieu rasta mais pas celui des délinquants» ainsi est décrite la victime, même si depuis quatre mois, elle s’était rapprochée de Cuchi, diront les observateurs. Avaient-ils des relations plus personnelles, personne ne peut le confirmer, mais il est certain que depuis plusieurs semaines Angélique paraissait soucieuse. Un autre gendarme ayant participé à l’enquête sera ensuite entendu. Il conclura en disant que cette affaire continue de hanter ses nuits au point de l’empêcher de dormir parfois.

Lundi après-midi, les experts psychiatre et psychologue sont invervenus à leur tour avec des avis divergents, même s’ils concluent l’un et l’autre à la dangerosité de l’individu et sa personnalité anti sociale.

Le premier estime qu’en 20 ans Fortune a évolué, se trouvant des raisons à sa rédemption, notamment ses deux enfants et peut être aussi par son rapprochement avec la religion musulmane. Le second estime que le discours n’est que de surface. Que l’homme qui donne le change est en fait un manipulateur qui tire les ficelles.

Puis ce fut au tour du mis en cause de parler de son parcours, de son envie à 18 ans de partir aux Etats-Unis pendant presque deux ans pour gagner sa vie. C’est à son retour à Saint-Martin que tout dérape.

«Pourquoi êtes-vous là ?», lui demande son avocat Gérald Coralie. Kathron Fortune va répondre à cette question pendant plus de 15 mn expliquant que six fois il a demandé à la cour internationale de justice l’autorisation de venir s’expliquer pendant son procès. Sa requête a finalement été acceptée. Et il le clame : ce crime, ce n’est pas lui. Il n’aurait jamais fait ça. « La famille veut la vérité et moi aussi je la veux», déclare-t-il.

Ensuite la présidente de la cour usant de son pouvoir discrétionnaire va demander à la fille de l’accusé, présente à l’audience, de venir à la barre expliquer comment s’est déroulée son enfance. Elle parlera des tensions entre ses parents, mais aussi du lien avec son père jamais rompu et des appels tous les mois de sa prison de haute sécurité. Et ce bonheur de le voir aujourd’hui après dix ans. Hier soir, elle a pu lui serrer la main à travers les vitres, avant de fondre en larmes.

Le procès se poursuit aujourd'hui.

 

M.F. BRUGEAUX-ETNA