01.10.2025

Meurtre d'Angélique Chauviré : Cuchi rejette les accusations

«Croyez ce que vous voulez. Je vous dis juste qu’il y a beaucoup de mensonges dans ces dépositions. J’ai commis certains crimes mais je n’avouerai jamais des choses que je n’ai pas faites. Et je le jure, je n’ai jamais agressé quiconque sexuellement avec aucun objet.» Ce sont les propos de Kathron Fortune, alias Cuchi, en réponse aux questions de la présidente de la cour d’assises de Basse-Terre devant laquelle il comparait cette semaine pour le meurtre d'Angélique Chauviré commis à Saint-Martin.

Hier, second jour du procès, il a répondu point par point à l’avocate des parties civiles, Sandra Kollarick et à l’avocate générale Elodie Rouchouse. La présidente lui a aussi demandé de revenir sur cette soirée du 31 mai 2006 où Angélique Chauviré a disparu. Il apporte une version avec un alibi qui repose sur une petite fille de six ans, qu’il va chercher à l’école avant de rejoindre vers 17h, sa maman Simone, une de ses compagnes de l’époque. Ensuite direction le Belvédère à la maison de la maman puis Quartier d’Orléans pour retrouver, vers 22h, FR, dit Chabin tenancier d’un bar clandestin. Certains diront que ce dernier entretenait une relation amoureuse avec la victime. Cuchi en est sûr, aussi décide-t-il de l'aider à retrouver sa copine et démasquent celui qui a volé sa voiture. C’est un jeune de 15 ans, DB. Celui-ci a été entend hier matin en visioconférence, de la prison de Moulins-Yzeure, en Bourgogne. On ne retiendra finalement dans cette histoire que son rôle de voleur de voitures.

Plus d’une heure trente de questions réponses et Cuchy nie farouchement les faits reprochés, traite les témoins, les gendarmes, la psychologue, etc. de menteurs. «Je n’étais pas ce soir-là devant chez Chabin à 17h», martèle-t-il.

«Votre neveu s’est vanté d’être présent au moment du meurtre d’Angélique », confirme la présidente. Il l’aurait dit au frère de Cuchi, actuellement incarcéré à la prison de Sint Marteen. «Pourquoi ne leur avez-vous pas demandé directement ? » rétorque Fortune. Car ils sont du côté hollandais. «Mais moi aussi à une époque [je l'étais] et vous êtes bien venu me chercher», poursuit-il.

«Pensez-vous être crédible par vos explications » ? lui demande l’avocate des parties civiles, « bien sûr » répond Fortune qui garde toute son assurance. Et l’avocate générale de renchérir : « vous dites ne pas être un ami d’Angélique, juste une connaissance et pourtant elle a enregistré votre numéro dans son téléphone ? » Cuchi déclare de ne pas lui avoir donné.

« Et pourquoi avoir obligé Chabin à enlever les photos d’elle sur le mur de son restaurant le soir de sa disparition ? », interroge-t-elle encore. «Je n’ai jamais demandé ça », répond l'accusé. Il sera difficile de demander à Chabin sa version, car trois jours après la mort d’Angélique, il a abandonné son bar, sa compagne et ses amis pour rejoindre la Dominique, son pays d’origine.

Rodolphe Glasgow a, lui aussi, été entendu hier matin. Selon lui, la victime aurait confié à son amant, Chabin, que Fortune était impliqué dans deux meurtres, celui de Gilbert Hyman et Jomo Maynard. Angélique en savait-elle trop ? Cuchi se serait débarrassé d’elle en laissant croire à une agression pour son argent et sa voiture. Un témoignage anonyme du 1er novembre 2014 a donné une version très similaire.

Le moment le plus douloureux de cette seconde journée de procès a été en ouverture d’audience, lors de la diffusion des photos d’Angélique, encore allongée au sol, le crâne écrasé et en sang, avec un morceau de bois sortant de son vagin. Des imagines insoutenables et cruelles qui amplifient le désir de vérité.
Aujourd'hui est le dernier jour du procès ; l'audience va débuter par les plaidoiries et les réquisitions.

Estelle Gasnet