14.10.2016

Six mois de prison pour l'un des bloqueurs du 22 octobre

L’homme comparaissait devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin jeudi 13 octobre pour avoir agressé un couple qui avait tenté de forcer le barrage.

Le 22 octobre 2015, plusieurs opposants au plan local d'urbanisme (PLU) bloquent plusieurs axes routiers en partie française. J.M.P. fait partie des contestataires. Il a pour mission de bloquer la route principale à Quartier d’Orléans. Il gare ainsi ses deux véhicules en travers de la voie. Un couple de St Maarten qui tente de regagner son domicile se retrouve coincé. Les deux individus ont beau essayer différents itinéraires, leur route est à chaque fois barrée. Ils tentent alors de forcer le barrage de J.M.P. en fonçant dans les voitures. Aussitôt la tension monte, un attroupement se forme autour d’eux et des coups sont portés. Prenant peur, ils font demi-tour pour se rendre à la gendarmerie. En chemin, ils sont rattrapés par J.M.P..

Au volant de sa voiture, celui-ci leur coupe la route avec la ferme intention de leur demander de payer pour les dégradations qu’ils ont fait subir à son véhicule. Il sort de sa voiture se dirige vers eux pour leur ordonner de sortir. Tétanisés, ceux-ci demeurent à l’intérieur de leur Jeep.

Frustré de ne pouvoir les confronter, J.M.P. attrape une clé à pipe dans son coffre et revient mettre plusieurs coups sur le pare-brise. Le couple descend du véhicule et l’homme reçoit un coup de clé sur l’avant bras alors qu’il tente de protéger son visage. Pendant ce temps-là, la femme réalise qu’on lui a volé son sac à main mais elle ignore quand.

À la barre, le prévenu ne conteste pas les faits. Il nie seulement avoir frappé l’homme et le pare-brise et affirme n’avoir fait que taper sur la partie métallique située sous la bâche du véhicule. Mais c’est sans compter sur le témoignage d’une personne qui a assisté à la scène et appelé la gendarmerie. Elle a en effet confirmé la déposition du couple.

Le fond du problème semble se situer dans la perception qu’a le prévenu du caractère illégal du blocage de la route. «La grève n’était pas illégale», se défend-il face au juge qu’il appelle «chef». Mais le président du tribunal répond qu’aucune autorisation de blocage n’avait été délivrée et que seules la préfecture et la gendarmerie ont l’autorité de bloquer la route.

Le prévenu, qui a choisi de ne pas se faire représenter par un avocat pour cette affaire, a l’art et la manière de retourner la situation à son avantage : il a non seulement porté plainte contre le couple mais également réussi à se faire rembourser les réparations sur sa voiture. C'est pourquoi le vice-procureur ne cache pas son agacement et rappelle : «ce n’est pas vous la victime !».

Dans son réquisitoire, il interroge : «étant donné que le prévenu a déjà été condamné en 2007, le seul mystère est de savoir pourquoi il n’y a pas eu comparution immédiate au moment des faits ?». Selon lui, cette affaire aurait très vite pu tourner au drame.

Jugé pour violence n’ayant pas entraîné d’ITT avec pour circonstances aggravantes la menace d’une arme, dégradation de véhicule et soustraction de sac avec objets, l’homme de 38 ans a écopé d’une peine de six mois de prison ferme. Le tribunal reproche en outre à J.M.P. de s’être pris pour un «justicier», un comportement confirmé par son implication dans deux autres dossiers traités lors de la même audience ce jeudi 13 octobre, dont les jugements ont été mis en délibéré au 17 novembre.

L’homme comparaissait pour une affaire de violences réciproques à cause d’un téléphone portable, ainsi que de violence avec arme sur des agents de la Réserve naturelle qu’il a poursuivis et percutés en bateau.

Fanny Fontan