Vols à main armée : 6 ans et 3,5 ans de prison ferme à l’encontre de 2 jeunes
Samedi dernier, alors que la section de recherches détachée de Saint-Martin conduit l’enquête relative au vol à main armée commis le 26 octobre à Concordia au préjudice d’une supérette, un nouveau commerce se fait braquer. Le vol est commis aux alentours de 20 heures par deux individus portant une arme de poing et au visage cagoulé. Le gérant est menacé et le fonds de caisse dérobé, soit 1000 euros.
La similitude des modes opératoires interpelle les gendarmes qui établissent un lien entre les deux affaires. Lundi matin, ils procèdent ainsi à l’arrestation de deux individus qu’ils suspectaient : JM, 22 ans et PH, 27 ans.
Les deux protagonistes avaient été identifiés par le gérant de la supérette braquée le 26 octobre ainsi que par un témoin. «L’un était grand et avait l’habitude de venir, je l’ai reconnu bien qu’il portait une cagoule», a confié le commerçant en faisant allusion à JM. Un témoin qui se trouvait à l’extérieur, fournit les mêmes éléments.
Lors de sa garde à vue, JM reconnaît les faits. Il explique qu’il a été entraîné par PH. «Il est en galère aussi, c’est un ami, je pouvais pas le laisser», dit-il avant de changer de ton et de prétendre que son ami ne lui aurait pas donné le choix.
IL N’A PAS EU BESOIN DE FAIRE UN 3E BRAQUAGE
PH vit chez sa mère qui est malade. Il est «en galère» car il n’a pas touché toutes les allocations auxquelles il avait droit à sa sortie de prison le 16 juillet dernier. L’enquêtrice sociale, missionnée de rendre un rapport dans le cadre de la procédure judiciaire, précisera qu’il n’a pas effectué toutes les démarches correctement ce qui a retardé les versements. Ayant besoin d’argent fin octobre, il a décidé de commettre un vol à main armée qui rapportera 500 dollars et euros en espèce. Puis un second. «Je n’ai pas eu besoin d’en faire un troisième car j’avais assez d’argent et j’allais toucher les allocations», explique-t-il aux magistrats.
La situation de JM n’est pas meilleure. Après une expérience sans succès en métropole où il est allé suivre sa première année de BTS, il est revenu à Saint-Martin. Mais là aussi, il ne trouve pas de travail. Il vit avec son père qu’il veut aider. «Je ne veux plus être à sa charge», lance-t-il. Son père a contracté un prêt pour qu’il puisse partir faire ses études et aujourd’hui, le crédit n’est toujours pas remboursé.
LE BRAQUAGE, LA SOLUTION DE FACILITÉ POUR GAGNER DE L’ARGENT
À la différence de la plupart des autres auteurs de vols à main armée, JM et PH ont des compétences et des diplômes pour travailler. JM a obtenu un bac en électrotechnique avec la mention assez bien et PH est titulaire d’un CAP en pâtisserie. «Son niveau est élevé et il pourrait trouver facilement un emploi avec la saison qui va débuter», a noté l’enquêtrice sociale dans son rapport au sujet de PH. «Mais ils ont préféré la solution de facilité pour gagner de l’argent, celle du braquage», commentent les magistrats.
Pour cela PH s’est procuré une arme «dans le ghetto» mais de manière totalement fortuite selon ses dires. Un jour, alors qu’il marchait, il a failli tomber car il venait de «glisser sur une arme qui était dans la boue». Il l’a prise, l’a cachée puis est allé la récupérer lorsqu’il en a eu besoin. Il affirme qu’elle était en mauvais état. «Elle était rouillée, elle ne fonctionnait pas», dit-il. Après le second braquage, il l’a jetée car il n’avait plus besoin de voler puisqu’il avait assez d’argent. En revanche, il affirme qu’il n’a pas fourni d’arme à JM. Ce dernier expliquera en effet qu’il en a aussi trouvé une «dans le ghetto». «C’était une arme factice, un pistolet à billes», précise-t-il.
À la barre, tous deux admettent «avoir fait une connerie» et formulent des excuses. Ils ne voulaient pas faire peur aux gérants des supérettes. Ils insistent d’ailleurs sur le fait qu’ils n’ont pas été violents. L’enquête révélera que l’arme a été posée sur le comptoir. «Un fait peu banal», note le vice-procureur pour qui, les deux prévenus seraient aussi les auteurs d’un troisième vol à main armée commis le 15 septembre et dont le mode opératoire était le même.
«J’ai fait une connerie, j’assume», dit à plusieurs reprises JM. PH, lui, lève ses poings liés (comme s’ils étaient menottés) et fait signe en sifflant qu’il va partir en prison, montrant ainsi au juge qu’il sait ce qui va arriver en fin d’audience.
LA PEINE ENCOURUE EST DE DIX ANS
«On ne peut pas laisser les auteurs de vols à main armée ressortir du tribunal libres», déclare le président du tribunal, Gérard Egron-Reverseau. «Ce sont les faits les plus graves que le tribunal ait à juger à Saint-Martin. La peine encourue est de dix ans», fait observer le représentant du ministère public dont la lutte contre les VAMA est une priorité en partie française.
Les peines prononcées sont conformes aux réquisitions : cinq ans de prison dont dix-huit mois assortis du sursis simple à l’encontre de JM et cinq ans de prison ferme à l’égard de PH. Il s’agit de sa neuvième condamnation.
De plus, deux mandats de dépôts ont été demandés ; les deux protagonistes qui ont été séparés durant la suspension d’audience [le temps du délibéré] sont transférés cet après-midi au centre pénitentiaire de Baie-Mahault.
PH aura à purger un an supplémentaire. Outre être en récidive légale, il était en période de sursis. En août 2015, il avait été condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis. Il était sorti au bout de onze mois. Le tribunal a donc révoqué le sursis.
Les deux individus étaient aussi poursuivis pour le braquage d’une supérette le 15 septembre mais ils ont été relaxés faute d’éléments matériels suffisants.