Huit mois de prison ferme pour détention et trafic de stupéfiants
Samedi 19 novembre aux alentours de 20h30, le gérant d’une société de location de villas à Saint-Barthélemy informe les gendarmes qu’un individu entré par effraction est installé sur la terrasse de l’une d’entre elles. Lorsqu’ils arrivent sur les lieux, l’individu tente de prendre la fuite et se précipite sur le parking où il a garé son scooter. Alors que les gendarmes l’ont rattrapé, l’homme de 29 ans semble nerveux et de ses poches débordent billets de banque et pochons de cocaïne.
Il explique spontanément être en possession de stupéfiants. En plus des cinq sachets de 1g de cocaïne et de deux de 20g de métamphétamine, il détient également sur lui 2000€ en liquide. Lorsqu’ils ouvrent le coffre du scooter, les gendarmes découvrent également un pavé de 850g de cannabis.
Une perquisiton est effectuée à son domicile où rien n'est trouvé. En revanche, il sera découvert dans un second scooter garé devant son domicile, 14 grammes de cocaïne, ainsi que du plastique pour le conditionnement et 4100 € en liquide.
A la barre, M.B est calme. Il ne nie pas les faits mais explique, comme lors de son interpellation, que le cannabis ne lui appartient pas et qu’il était chargé de le remettre à quelqu’un d’autre contre 300 €. Mais refuse de dénoncer les commanditaires. « Vous faisiez donc ce qu’on appelle trivialement la mule » commente Gérard Egron-Reverseau, le président du tribunal. Quant à la cocaïne, il s’agirait de sa consommation personnelle. L’homme reconnaît en avoir vendu mais affirme n’avoir fait que «dépanner» les personnes qui lui en demandaient. Pourtant un peu plus tard il expliquera avoir eu besoin d’argent pour des soins dentaires, n’ayant pas refait ses papiers de sécurité sociale. Sans nommer ses fournisseurs, il reconnaît avoir acheté la drogue à Saint-Martin.
Concernant l’argent liquide retrouvé sur lui et dans le deuxième scooter, le prévenu n’est pas très clair. Le président du tribunal lui explique qu’en l’absence de preuves qui démontrent le contraire, il est logique de présumer que ces sommes peuvent correspondre à une activité liée à vente de stupéfiants. M.B affirme d’abord avoir retiré 2000€ à la banque un mois avant, puis 1500€ quinze jours plus tard. Et que le reste est le fruit des jobs non déclarés qu’il effectue en plus de son travail salarié qui lui rapporte mensuellement 2000 €. Il déclare travailler au noir les jeudis et vendredis pour 800 à 900 € par semaine. «3000 euros de revenus non déclarés par mois, c’est royal» s’exclame le président du tribunal qui s’étonne alors que le prévenu ait eu besoin de vendre de la drogue pour avoir de l’argent.
Né à Kourou, M.B travaille depuis 2010 à Saint-Barthélemy dans l’entretien des jardins. Son employeur le décrit comme «un très bon travailleur» mais a confié aux autorités avoir lancé une procédure de licenciement pour faute. Le prévenu a été arrêté en dehors de ses horaires de travail dans une villa appartenant à des clients de l'entreprise.
En détention provisoire depuis lundi, M.B est défendu par maître Durimel. Il a déjà été condamné à six mois de prison ferme pour des faits similaires en octobre dernier et avait fait appel.
Ce mercredi 23 novembre, son avocat réclame une peine avec sursis afin que son client puisse retrouver un travail et ne se retrouve pas «en voie de clochardisation» à sa sortie de prison. Le risque, dit-il, est qu’il recommence ses bêtises en sortant puisqu’il sera SDF et sans emploi. Sa plaidoirie met en lumière les difficultés de la réinsertion. «Je vous demande de le sauver» finit-il par exprimer, jugeant qu'M.B fait partie des délinquants "récupérables". Selon lui, "on peut tout en le punissant, lui tendre la main", et ainsi sauver son emploi. Il demande que soit restituée la chaîne en or mise sous scellé, que lui avait offert son père décédé.
Dans son réquisitoire, le vice-procureur Yves Paillard préconisait une peine de 12 mois dont trois avec sursis compte tenu de la réitération qui rendait « le passage par la prison nécessaire ». Après délibération le tribunal déclare M.B coupable des faits reprochés et le condamne à huit mois de prison ferme avec mandat de dépôt, arguant que l'homme est peut-etre «un primo comparant mais pas un primo délinquant ». Sa chaîne en or lui est immédiatement restituée. En revanche l’argent et les scooters sont saisis. M.B sort du palais de justice menotté. Il sera incarcéré à Basse-Terre.