2 mois de sursis pour vol avec effraction et 300€ pour violence conjugale
« On m’a demandé d’être là à 8h30, j’aimerais passer pour aller travailler sinon pour moi c‘est la double peine ». C’est d’une façon peu ordinaire que la victime d’un braquage survenu deux ans plus tôt a demandé au tribunal que soit examinée au plus vite l’affaire dans laquelle elle est impliquée, ce jeudi 8 décembre. Pourtant, comme indiqué sur sa convocation, la victime n’est pas obligée d’être présente à l’audience. Et quand on lui demande s'il entend se constituer partie civile, l'homme répond : "si cela mène à quelque chose et pas que pour de l'administratif". C'est pourquoi le vice-procureur en introduction de son réquisitoire ne manquera pas de mentionner : « on peut essayer d’aider les victimes mais elles doivent préparer l’audience comme les auteurs ».
Le 2 mars 2014, le magasin Koakaï Shop de Monsieur L. ainsi que le Rock’n’roll attenant se font cambrioler. L’auteur et instigateur des faits, J.F, apparemment décédé, n’est pas présent à l’audience. Seul son complice présumé, J.C vient à la barre. Hispanophone, J.C réside côté hollandais et ne cache pas au tribunal y exercer la profession illégale de gypsy. On lui reproche d’avoir volé de l’argent, 28 paires de lunettes et un i-Pad lors du braquage des deux commerces situés dans la zone du Leader Price.
J.C, qui n’a pas souhaité se faire représenter par un avocat, se défend. « J.F m’avait appelé, expliqué qu’il avait un problème au bras, et demandé de venir le chercher côté français, à la station Cadisco de la B.O pour que je le prenne et l’aide à déplacer quelque chose. J’aide souvent mes clients à transporter leurs courses ».
FUIR C'EST SE RENDRE COUPABLE
« Monsieur n’est pourtant pas déménageur » rétorque Gérard Egron-Reverseau, le président du tribunal, qui a du mal à croire les propos du prévenu. Pour cause, s’il n’était pas au courant avant, J.C a tout de même accepté d’aider celui qu’il dit avoir simplement rencontré dans la rue quelques fois, alors qu’on apprendra dans le cas d’une autre affaire qu’il est en réalité son voisin. Ensemble, ils déplacent plusieurs caisses d’alcool et s’emparent de divers objets, ainsi que du fonds de caisse. L’alarme est pourtant déjà déclenchée, suite à la destruction d’un mur. Il ne peut donc ignorer qu’il s’agit d’un vol à ce moment-là, avance le tribunal. Par chance pour les victimes, les gendarmes arrivent à peine quelques secondes plus tard et les auteurs s’enfuient en abandonnant une partie de leur butin.
S’embourbant dans ses explications, J.C ne répond jamais directement aux questions qu’on lui pose : « je ne savais pas ce qui se passait, la porte était ouverte, je croyais que c’était son lieu de travail et quand j’ai vu que le mur était cassé j’ai compris qu’il y avait un problème mais l’alarme s’est mise à sonner et les gendarmes sont arrivés ». Il semble agacer le juge : « Faut qu’il arrête de me prendre pour un imbécile » dit alors ce dernier en s’adressant à l’interprète. « S’il prend la fuite, il se comporte comme un voleur. Il aurait dû rester sur place s’il n’avait rien à se reprocher ». « Vous pouvez lui dire que ce n’est pas convaincant » ajoute-t-il ensuite. Mais le prévenu ne se démonte pas : « je ne serais pas venu au tribunal si j’avais fait quelque chose ».
UN EXEMPLE DE LA COOPERATION AVEC SINT MAARTEN
Fuir ne semble pas avoir rendu service au prévenu. En plus de le rendre coupable aux yeux de la loi, c’est surtout dans sa fuite qu’il perd sa casquette. C’est en effet suite aux empreintes génétiques retrouvées dans ce couvre-chef qu’il a été interpellé. Un exemple de la coopération policière avec Sint Maarten puisque il a pu être identifié grâce à leurs fichiers.
« L’auteur ne s’est pas désisté, s’il faisait vraiment juste le taxi il n’aurait pas dû prendre la fuite ». Dans son réquisitoire, le vice-procureur Yves Paillard soutient les propos du président du tribunal. Et d’ajouter en réaction aux arguments du prévenu : « On ne va pas lui décerner une médaille parce qu’il se présente à l’audience ».
Si le parquet propose trois mois de prison avec sursis, le juge qui déclare J.C coupable de vol avec effraction, prononce finalement une peine de deux mois avec sursis, compte tenu de l’absence de casier judiciaire, du moins en France. J.C doit également payer 500€ de dommages et intérêts à la victime qui s’était constituée partie civile. Une somme qui correspond à ce qu’elle demandait pour le remboursement de son fonds de caisse et les frais de réparation du mur, J.C ayant apparemment déjà remboursé les lunettes.
IL FRAPPE SA CONJOINTE PAR JALOUSIE
Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour J.C qui doit revenir immédiatement à la barre pour violences volontaires qu'il a commises le 2 août 2015 sur Mlle S., sa conjointe à l'époque. Ce jour là alors que pour une histoire de jalousie il lui met des coups de poing et la mord à plusieurs reprises, il est interrompu par son voisin, le fameux J.F qu’il avait aidé un an plus tôt à braquer les deux commerces côté français. Pour ces faits de violence caractérisés, il est condamné à une amende de 300€.