Taxe transporteur : en hausse entre Sint Maarten et Paris
381 ou 384 euros. Ces montants ne correspondent pas à des promotions mais aux taxes prélevées sur un billet d'avion entre Sint Maarten et Paris. Des montants quasi similaires à ceux indiqués sur un vol Paris/New-York (366 euros), ou vers Pointe-à-Pitre, voire moins cher que celui sur un Punta Cana/Paris (441 euros). Si on le compare effectivement avec d'autres destinations, on peut se dire qu'il n'est pas exagéré. Toutefois, cette taxe qui peut représenter au moins un tiers du prix du billet, est-elle à sa juste valeur ? La question est posée par les consommateurs et nombre de professionnels du tourisme depuis plusieurs mois en raison principalement d'une baisse du cours du pétrole.
En début d'année, le syndicat national des agences de voyage était monté au créneau afin de «procéder sans délai à la suppression des hausses carburant», l'un des éléments pris en compte dans le calcul des taxes. Des débats sur «la transparence dans le transport aérien» au Sénat en février avaient également soulevé la question : pourquoi les prix des billets d'avion ne baissent pas via une diminution de la taxe carburant puissent que le prix du baril du pétrole a nettement diminué ?
Au milieu des années 2000, alors que les cours du pétrole s'envolaient (pour atteindre des records en 2008), les compagnies avaient justifié cette taxe pour compenser les surcoûts. Nous sommes maintenant dans une situation économique inverse et le montant de la taxe ne suit pas la même courbe. Au contraire. Entre 2012 et aujourd'hui, elle a augmenté de 20 euros pour atteindre 284 euros, selon le détail des taxes fourni par Air Caraïbes ; Air France ne donnant plus accès à ces détails au moment de réserver son billet. Elle pèse à hauteur de 75 % dans le total des taxes.
«La non-répercussion de la baisse des cours du pétrole sur le tarif du billet d’avion peut s’expliquer par différents motifs : l’existence de contrats de couvertures carburant ; le poids des réservations anticipées ; l’amélioration des marges. Enfin, de nombreuses compagnies essaient de se refaire une santé financière, car le secteur a été très affecté par la crise économique», avait indiqué Vincent Dubois en février, alors sénateur de la Polynésie française.
Selon certains experts des transports aériens interviewés dans divers médias, les compagnies aériennes ont pu se retrouver piégées par leur «contrat de couverture carburant». Ces contrats consistent en une promesse d'achat de la compagnie d'un volume défini à échéance fixée et à un prix fixé, c'est-à-dire que durant toute la période du contrat, la compagnie paie le même prix, quel que soit le cours du pétrole. Si ce dernier grimpe, la compagnie est gagnante, s'il chute, elle est perdante. Et directement le consommateur aussi.
En début d'année lors d'un déplacement à la Réunion, le P-Dg d'Air France avait indiqué à nos confrères du Journal de la Réunion, que «la surcharge carburant n'entrait plus réellement dans la composition du prix du billet». D'ailleurs, la taxe ne s'appelle plus taxe surcharge carburant mais taxe surcharge transporteur.
Par ailleurs, il convient de noter que l'évolution du montant des taxes pour notre destination n'épouse pas celle de la surcharge transporteur. Aujourd'hui, le montant total des taxes est de quelque 385 euros, soit 73 euros de moins qu'il y a quatre ans. Et son augmentation semble toujours se poursuivre (+ 5 euros sur un an, entre 2014 et 2015). A qui profite alors ces hausses ?