Coups de feu à Quartier : dix-huit mois de prison ferme pour leur auteur
Il croyait que quelqu’un voulait le tuer. En rentrant chez lui samedi 31 décembre un peu avant 23 heures, il aperçoit une voiture noire aux vitres teintées. L’une des fenêtres est baissée. Il suppose que son occupant l’attend. Il monte alors dans sa chambre se saisir de son pistolet 9 millimètres qu’il cache sous le drap sur son lit.
Sa mère avec qui il vit depuis toujours, l’entend parler tout seul. Elle comprend tout de suite que son fils est ivre. Il adopte systématiquement ce comportement lorsqu’il a trop bu. «Quand il est sobre, il est très gentil. Mais quand il a bu, il est fou. Il est plus que fou», dira-t-elle aux gendarmes.
Son fils aujourd’hui âgé de trente ans a en effet des problèmes avec l’alcool depuis qu’il a quinze ans. À tel point qu’il souffre d’une pancréatite et suit un important traitement médicamenteux.
Ce samedi 31 décembre, le jeune homme présente un taux d’alcoolémie de 1,11 mg d’alcool qui lui fait perdre la raison. Croyant que quelqu’un cherche à le tuer – il dit «avoir des problèmes avec des gens», il prend son pistolet et tire. D'abord dans le salon de l’appartement. Sa mère, dans une pièce à côté pense entendre des pétards avant de réaliser que c’est son fils. Dès que celui-ci va sortir de l’appartement, elle va s’enfermer et appeler son autre fils qui vient la rejoindre quelques minutes plus tard.
À l’extérieur, son premier fils continue de tirer. Les gendarmes constateront des impacts un peu partout et retrouveront des étuis en bas de l’immeuble, dans la cage d’escalier et sur le parking de la résidence. L’arme sera elle récupérée sur le palier.
Dehors, sur le parking se trouvait une jeune mère avec une amie. Elle a aussi cru d’abord à des pétards. Une balle a atteint le pare-choc arrière de sa voiture et crevé un pneu. La conductrice s’est enfuie et a roulé, le pneu crevé, sur une centaine de mètres. À l’arrière de son véhicule se trouvait sa fille de quatre ans.
UN MIRACLE
L’individu était présenté ce mercredi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. «Lorsque j’ai repris les rênes de l’enquête lundi matin, la première chose que je me suis dit est que c’est un miracle que personne n’a été blessé», commente à l’audience le vice-procureur Michaël Ohayon. Et de faire remarquer que les coups tirés notamment dans le salon étaient «à hauteur d’homme». «Ils n’ont pas été tirés en l’air».
«Cela mérite la prison», estime le vice-procureur qui demande à ce que le prévenu «reste en prison». Pour information, à l’issue de sa garde à vue, il avait été placé mardi en détention provisoire. Une peine de trois ans de prison dont un an assorti du sursis et mise à l’épreuve durant deux ans avec l’obligation de suivre des soins, a été requise. De même que l’interdiction de porter une arme durant cinq ans et la confiscation des scellés (pistolet).
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine de trois ans d’emprisonnement dont dix-huit mois assortis du sursis et mise à l’épreuve durant deux ans avec l’obligation de suivre des soins. Il a aussi demandé un mandat de dépôt, l’interdiction de porter une arme durant cinq ans.
Le prévenu devait porter à partir du 12 janvier prochain un bracelet électronique suite à une précédente condamnation. Il avait été poursuivi pour violences sur sa conjointe et conduite sous l’empire d'un état alcoolique.