«On ne va pas créer un bac ou un DNB spécial Irma »

Lors de sa troisième visite à Saint-Martin, étalée sur deux jours, le recteur de l’académie de Guadeloupe, Mostafa Fourar, s’est rendu dans les écoles et le collège de Quartier d’Orléans ainsi qu’au lycée professionnel. Vendredi 27 avril il a consacré deux heures pour échanger avec les membres du conseil d’administration du lycée professionnel sur la rentrée scolaire. « L’objectif était de faire un point sur leurs inquiétudes, leur état d’esprit, et sur la préparation de la rentrée en termes de moyens. » avance –t-il.

À quelques semaines des examens de fin d’année, le sujet principal abordé lors des réunions avec le personnel de l’éducation nationale au collège et au lycée : le DNB (Diplôme national du Brevet), et le baccalauréat. Les élèves seront-ils prêts alors que, suite à Irma et aux fermetures des établissements, ils n’ont pas eu toutes les heures de cours nécessaires à la préparation de leur examen ?

« Ils ne sont jamais prêts car ils ne sont généralement pas francophones. J’ai l’impression que ce sera pire cette année. Mais nous aurons peut-être des surprises » considère Dominique Louisey-Démocrite, professeur de Lettres et Histoire au lycée professionnel qui prépare des élèves au BEP. Egalement du SPEG (Syndicat des personnels de l’éducation en Guadeloupe) elle explique que, par manque de temps, les enseignants sont obligés de survoler les programmes et faire du bachotage. Certains établissements ont proposé des cours de soutien pendant les vacances de Pâques, mais pas sûr que cela suffise.

Comme il s’agit de diplômes nationaux, il n’est pas question pour le recteur de l’adapter. « Il n’y a pas un diplôme qui serait de Saint-Martin parce que ce serait la pire des solutions. Il doit être passé dans les mêmes conditions qu’au niveau national. Il ne faut pas non plus qu’on dévalue le diplôme. On ne va pas le donner gratuitement. On ne va pas créer un bac ou un DNB spécial Irma » affirme-t-il. Avant de préciser : « cela ne veut pas dire qu’on ne va pas regarder de très près ce qu’il va se passer. Je vais mobiliser les inspecteurs pour analyser les résultats. Quelles ont été les conséquences d’Irma sur les résultats scolaires en comparaison aux résultats de Saint-Martin les autres années mais aussi en comparaison avec ceux au niveau académique et national ? Et si on voit que finalement ces résultats montrent qu’il y a du retard de nos élèves,  à ce moment- là, il faudra apporter une réponse adaptée. J’ai proposé au collège d’organiser de stages de formation cet été à la fin des vacances ou en début d’année scolaire. Pour accompagner les élèves, les préparer. C’est la même chose pour le lycée. Si besoin, nous accompagnerons les élèves qui veulent s’orienter vers des BTS par un stage accéléré de formation spécifique sur leurs lacunes. En attendant d’arriver au bac et au brevet j’ai demandé aux établissements de faire des soutiens au collège et au lycée pour préparer les élèves ».  Et de rassurer : « l’harmonisation se fait dans toutes les académies. En Guadeloupe ça va se faire. En métropole ça se fait. L’inspecteur par discipline regarde les résultats et homogénéise parce que parfois il y a des profs qui vont sur-noter ou sous-noter pour la même épreuve. Donc on va regarder de manière attentive si certains doivent passer des oraux comment les accompagner. Mais mais on ne donnera pas un diplôme, ça c’est clair ».

Si les réponses apportées n’ont pas toujours convaincu la totalité des enseignants, la présence du recteur a fait l’unanimité. « C’est déjà très bien qu’il nous ait accordé deux heures de son temps. C’est la première fois que je vois ça » concède Dominique Louisy-Démocrite qui enseigne à Saint-Martin depuis 35 ans.