Les clichés et fausses informations diffusés dans l'émission Enquête Exclusive
Sur son site internet, l’émission Enquête exclusive se définit comme «un magazine d’investigations hebdomadaire proposant des reportages sur l’actualité internationale». Les émissions sont classées par thème et la typologie est révélatrice des sujets abordés et de la politique éditoriale : destinations brûlantes, enfer au paradis, planète millionnaire, extrémismes politiques. «Saint-Martin, un paradis aux deux visages», le titre de l’émission de dimanche, apparaît dans la classe enfer au paradis. A noter que Saint-Barthélemy avait aussi fait l’objet d’une émission et avait été classée non pas dans la série planète millionnaire mais destinations brûlantes.
Alors que les médias nationaux débarquent sur l’île par dizaines depuis le passage d’Irma et consacrent une bonne partie de leur journaux (écrits, télévisés et radio) à la reconstruction, Enquête Exclusive fait un tout autre choix éditorial. L’émission se concentre principalement sur l’insécurité, la drogue et le sexe (de la 2e minute à la 51e sur 1h09), des thèmes qui ont déjà fait les choux gras des médias – principalement audiovisuels – il y a une dizaine d’années.
Tout est dit dans l’introduction
Bernard de la Villardière plante le décor dès les premières minutes en évoquant l’immigration clandestine et la «délinquance petite ou grande» avant même de parler d’Irma et de la reconstruction. Il décrit «un double statut qui complique la lutte contre l’immigration clandestine et contre la délinquance», mais sans jamais, dans le magazine, revenir sur les raisons qui compliquent ces luttes.
Dès l’introduction, il revient sur «ces scènes de pillages terribles qu’on a tous en mémoire» ; pillages qui lui permettent d’introduire Irma et la reconstruction. Bernard de la Villardière a pu observer que «certaines zones restent encore à reconstruire» et que «les populations les plus fragilisées sont à la merci de vents qui peuvent souffler jusqu’à 200-300 km/h». On pressent tout de même que l’émission sera en deux parties, insécurité et reconstruction, même si elles n’ont aucun lien.
Tout le magazine est construit sur des clichés et des mauvaises interprétations de la réalité.
Le premier – certainement le plus facile – est de rappeler que «le côté français est 24 fois moins attractif que le côté hollandais», une affirmation basée sur le nombre de touristes accueillis dans les aéroports et les ports. Aussi aurait-il été pertinent de remettre ces chiffres dans le contexte local en expliquant que les seuls aéroport international et port en eaux profondes de l’île se situent côté hollandais. Toutefois, Bernard de la Villardière oublie de dire que Juliana a été fortement endommagé par Irma, qu’un an plus tard le chantier de reconstruction est toujours en cours et que les Pays Bas souhaitent assurer le contrôle des frontières pour justement mieux lutter contre l’immigration clandestine.
Il est aussi affirmé que «des milliers de touristes» débarquent chaque jour des paquebots à Philipsburg. A titre informatif, il aurait été intéressant de dire que le port n’a rouvert que mi-novembre, que le premier paquebot accueilli après Irma était en partie française (mais c’était un paquebot de luxe, thème donc non retenu pour parler de la partie française) et que certaines compagnies de croisière ont annulé leur escale à cause de la décharge en feu, une pollution de plus en plus au cœur des préoccupations de la population qui accuse le gouvernement de Sint Maarten de ne rien faire et qui veut porter plainte contre lui.
Les pillages
Les pillages commis après Irma servent sur un plateau d’argent Bernard de la Villardière pour aborder ce thème récurrent dans ses magazines, l’insécurité et la violence sous toutes ses formes. Il interviewe un chef d’entreprise sans préciser la date de la rencontre, donnant ainsi l’impression que la population vit encore dans la peur des pillages. A propos de ces actes, Bernard de la Villardière oublie de dire que de nombreux auteurs ont été interpellés, jugés et condamnés par la justice.
Il commet aussi un lapsus révélateur de sa volonté de montrer que les pillages – donc l’insécurité n’était que côté français – lorsqu’il s’entretient avec Daniel Gibbs. Le président de la COM explique que «c’était un cliché, qu’il y a eu autant de pillages d’un côté comme de l’autre». Bernard de la Villardière semble là dubitatif et lâche un «vraiment ?». Daniel Gibbs le répète « oui il y en a eu des deux côtés… nous l’avons vécu».
Les pillages sont aussi une excuse pour montrer «la misère sociale», unique aspect social de l’île qui est mis en exergue dans le magazine. Précisons que les pillages ont pourtant aussi été commis par des personnes non défavorisées.
Seules les rues de Low Town, de Quartier d’Orléans et de Sandy Ground (quartiers dits prioritaires qui abritent les populations les plus en difficultés) sont ainsi montrées. L’objectif est de prouver que côté français on vit dans la misère et que côté hollandais dans le luxe et l’excès. A Sint Maarten, le journaliste s’est essentiellement rendu dans une zone résidentielle riche. Mais n’est pas allé dans des quartiers beaucoup plus modestes. Il affirme en outre que le PIB côté est «deux fois plus élevé côté hollandais» (ce qui avait déjà écrit Capital), or selon l’Iedom, le produit intérieur par habitant (PIB) est de 16 000 euros à Sint Maarten et de 14 700 euros à Saint-Martin.
Bernard de la Villardière fait des comparaisons tirées par les cheveux entre le pourcentage de personnes bénéficiant du RSA à Quartier d’Orléans avec celui des personnes allocataires en Île de France ! Comment peut-on comparer ces deux territoires ? Cela revient à comparer ce pourcentage entre le XVIè arrondissement de Paris et la Seine Saint Denis.
Une grande partie du reportage est consacrée aux armes, au besoin de se protéger. Le chiffre de 220 vols à main armée est avancé. Si ce chiffre est vrai, il est aussi périmé aujourd’hui. Depuis plusieurs années, la délinquance est en baisse même si le sentiment d’insécurité demeure élevé. En 2015, le nombre de vols à main armée était de 120, il avait baissé cette même année de 50 %, avaient à l’époque indiqué les autorités. Il était passé sous la barre des 100 avant Irma. A noter qu’en 2016, le nombre de VAMA augmentait en revanche en partie hollandaise où la police lançait un appel à la vigilance.
Dans le reportage, un gérant d’une supérette chinoise est interviewé au sujet de son expérience et de sa volonté de se protéger en se procurant une arme. Cette personne a été jugée et condamnée par le tribunal correctionnel de Saint-Martin.
Bernard de la Villardière déclare que l’un des seuls endroits pouvant accueillir des touristes en partie française est la marina Royale. Il oublie juste de montrer que des sites comme la loterie farm et la baie orientale où l’un des restaurants a rouvert en juillet, accueillent davantage de touristes. Mais le choix du site n’a pas été fait au hasard ; il s’agissait en effet de montrer le trafic de crack que les gendarmes allaient démanteler. Et ainsi de montrer que les drogues étaient faciles d’accès. Là aussi, il est oublié de souligner qu’en partie hollandaise les trafics de produits stupéfiants existent.
Les sujets sont abordés sans aucune transition. Bernard de la Villardière se rend à Anguilla pour constater entre autres l’état d’avancée de la reconstruction. On y voit ainsi deux hommes, casquette sur la tête, chaussures de sport aux pieds, assis sur un échafaudage en hauteur en train de peindre sans aucune mesure de sécurité, le but est de montrer qu’ «à chaque coin de rue on voit des ouvriers pour effacer les traces» de l’ouragan. Donnant ainsi l’impression qu’à Saint-Martin on n’en voit pas. On aimerait certes en voir davantage mais on en voit tout de même. En tous les cas le magazine ne les a pas filmés.
Bernard de la Villardière évoque ensuite avec le gouverneur d’Anguilla la question de la coopération et les conséquences du Brexit localement. Le journaliste en conclut que «malgré les ruptures en Europe, à 7 000 km, la coopération est précieuse ici». Puis dans la seconde qui suit, sans transition, il revient «côté Saint-Martin où la convalescence prend du temps». Et d’enchaîner à nouveau avec Daniel Gibbs à qui il va demander s’il est «optimiste».
Les reportages sur la partie hollandaise sont tout aussi dégradants. Il est donné l’impression qu’il n’y a que des boutiques de luxe, des casinos et des bars à strip tease où aucune règle en matière de travail n’est respectée. Le patron du casino a déjà réagi sur sa page Facebook en qualifiant le reportage de «torchon ». Il a été interviewé un mois après Irma et ses propos n’ont pas été remis dans leur contexte.
En ce qui concerne la reconstruction, il n'est montré que les difficultés. Contrairement à ce qui est dit, des habitations en bord de mer étaient assurées avant Irma. Il aurait été judicieux de filmer les personnes qui avancent. Car si, certes l'île est loin d'être reconstruite, les chantiers sont en cours. Mais on ne le voit pas dans le reportage.
Enfin, il est affirmé dans le magazine que la partie hollandaise était mieux préparée aux ouragans que la partie française depuis le passage de Luis en 1995. Cela reste tout de même à démontrer. Notamment au niveau des infrastructures ; rappelons que l’aéroport dont le toit a été totalement endommagé et dont la construction intervenue après 1995, a été remise en question, que les principaux hôtels (Westin, Sonesta à Maho et Great bay, Diamond resorts, Cliff, Sapphire) ont également été très fortement endommagés.
Bref, ce numéro d’Enquête exclusive est un reportage partial qui a simplement eu pour but de montrer uniquement certains atouts (si c’en est) de la partie hollandaise et certaines faiblesses de la partie française mais sans jamais essayer de montrer l’inverse, les atouts de la partie française et les mauvais côtés de la partie hollandaise. Car de l’autre côté de la frontière «la misère sociale» existe aussi bel et bien. Tout comme l’insécurité et les vols à main armée.
Un groupe sur Facebook - Collectif Anti De la villardière SXM - s’est constitué afin de rassembler les «amis, ennemis, les pauvres, les riches, les vieux, les jeunes, » qui aimeraient créer un collectif citoyen en vue de déposer plainte auprès du procureur de la république pour diffamation suite au magazine.
Commentaires
Bonjour
Bonjour
votre article est partisan et manque d'objectivité.
Il n'y a pas de comparaison utile des deux parties de l'île, chacune a ses atouts et ses mauvais coté.
Pour le tourisme, c'est bien l'incapacité de la partie Française à agrandir la piste de Grand Case qui déséquilibre le nombre d'arrivée en avion, c'est bien l'état délabré de Marigot qui fait fuir les touristes et c'est bine la réouverture de restaurant sur la BO qui dénature cette plage de rêve.
Coté drogue, prostitution, trafics en tout genre: égalité
coté corruption politique: idem
coté discrimination anti européen; idem.
Mais nous, Saint-Martinois ne devons pas refuser que des regards extérieurs se posent sur nous et nous ouvrent les yeux.
Merci à cette émission de rappeler que nous sommes toujours dans la souffrance post IRMA et que l'origine de cette souffrance n'est pas "QUE" météorologique.
pour revenir sur un passage
pour revenir sur un passage comique du reportage .
le vice procureur condamne un commerçant chinois qui détient une arme illégalement et deux minutes après dans son appart dévasté , le même vice procureur dit j ai demandé une arme aux gendarmes !!!!!en conclusion , un vice procureur peut s'armer avec sa seule autorisation !!! encore une injustice de plus localement
oui très bon ce passage ! ca
oui très bon ce passage ! ca illustre tellement bien la réalité.
Après, le vice-procureur est
Après, le vice-procureur est est ancien gendarme. Il doit déjà avoir toutes autorisations
un autre reportage sur France
un autre reportage sur France 2
https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-di...
juste après le reportage sur les écoles, voir la tete du préfet quand il découvre le permis de construire du contiki sur la B.O
bien vu
bien vu
Alors il vient d'où se permis de construire?
de la COM qui a autorité en
de la COM qui a autorité en matière de permis de construire mais la tête du préfet est un grand moment de TV!!!!!
la varie question a qui appartient ces bâtiments puisque le terrain ne leur appartient pas c est une AOT
solution 1 le groupe LUFFMANN avec Mr CASAUBON sentent bien qu ils sont chez eux!
solution 2 ces messieurs sont de généreux donateurs pour la COM et ils ont construit un bâtiment qu'ils remettront a leurs successeurs car il faudra bien qu'un jour un saint martinois s'installe a la B.O
Oui le PREFET se rend compte
Oui le PREFET se rend compte qu'il s'est fait "baise" ...il fait une drole de tête. Faudra pas s'étonner des sanctions a venir
le reportage a montré
le reportage a montré certaines réalités que beaucoup ne veulent pas voir. Aujourd'hui, rue Charles de Gaulle beaucoup de magasins fermés avec rideau de fer, marigot toujours aussi sale et terne. C'est sur que cela ne va pas faire venir le touriste pour acheter quoi rien. Même pas un resto digne de ce nom existe à Marigot. Alors arrêtez de faire les étonnés ouvrez les yeux lisez les médias. Ce qui dérange c'est que l'émission (même si elle n'est pas objective) est vue au niveau national et ternie l'image de l'ile (alors qu'est ce que les autorités attendent pour y remédier) cela ne date pas d'hier. Le patron du casino à réagit de quoi il se plaint il a de la pub gratuite, il ne se plaignait pas avant quand il était sur facebook ou que les réseaux parlaient de ce "qu'il accomplissait sur l'ile" je pense que c sa phrase le social ca dure qu'un temps après faut vivre donc faut faire du fric... après tout le monde connait ce genre de reportage faire les offusqués est un peu facile... si le reportage avait été fait dans l'autre sens personne n'aurait rien dit...
En grande partie, ce sont les
En grande partie, ce sont les "pouvoirs publics" qui sont responsable du délabrement de Saint Martin, et de Marigot en particulier. J'ai vu l'image de l'Ile se dégrader de jour en jour, et rien n'a été fait. Dans le reportage nous voyons la police intervenir pour tenter d'éradiquer un trafic de stupéfiants : j'ai quitté cette belle Ile il y a plusieurs années, et il y a plus de quinze ans ce parking était connu de tout le monde pour son insécurité, si bien que nous hésitions, touristes et commerçants, à y stationner; de même que cette habitation servant de repère.Passé 19 heures nous étions obligés de nous barricader dans nos commerces.
Il faut attendre quinze années pour que la police intervienne..... C'est la France.
En tous cas bonne chance à Saint Martin !!!
Triple punition !
Triple punition !
D'abord Irma
Puis les pillages
Enfin, un reportage tendancieux qui tape sur Saint Martin.
Super, pour attirer les touristes dans une île qui a besoin de moyens !
Mais il es vrai que le dénigrement, l'attaque, le malheur rapportent beaucoup aux journalistes !
cela s inscrit dans une
cela s inscrit dans une stratégie globale qui vise a dévaloriser l ile et son devellopement….et ainsi de limiter l effort de reconstruction.
Arrêtez d'être aveugle ce
Arrêtez d'être aveugle ce reportage est brûlant de vérité. Réveillez vous et ouvrez les yeux. Alors certes le fait que nous soyons une république bananière non rattachée à la France ne facilite rien
La punition c'est de pas
La punition c'est de pas virer tous les incapables de la com sans exception et de pas laisser des personnes comme Monsieur Le Préfet Gistin agir. La peut-être on aurait une chance.
Tres juste. Si les directves
Tres juste. Si les directves du Prefet etaient respectees peut etre avancerions nous mieux et plus vite
Bravo, analyse très objective
Bravo, analyse très objective
Youpi… analyse profonde de
Youpi… analyse profonde de rousselot… une mouche passe !
Je partage .
Je partage .
Triste reportage que du
Triste reportage que du négatif évidemment c'est plus vendeur ,les médias raffolent de voir le la misère des autres .Les belles plages ça fait trop cartes postales , les habitants qui se serrent les coudes c'est trop banale . St Martin mérite beaucoup mieux , bien que beaucoup de choses restes a faire . La critique est trop facile la vérité plus compliqué c'est pourquoi les journalistes noircissent le tableau .A l'inverse lorsque notre président viendra de belles choses seront montré ont nous manipules et c'est pas nouveau ,j e suis cependant sur que St Martin se relèvera n'en déplaise à certains .
Entièrement d'accord avec l
Entièrement d'accord avec l’excellente analyse d'Estelle.
Dans le bêtisier de ce reportage on peut ajouter
que M6 aprouve l'ouverture d'un casino avec des ouvriers qui travaillent au dessus des client!!! Heureusement qu'en france il est impossible de laisser la clientèle accéder à un chantier, pour le vérifier il suffit d'aller le demander à Grand Maison qui a été contraint e limiter l'accès à son dépôt.
On a oublié d'aller voir la décharge à ciel ouvert en plein Philipsburg et les quartiers miséreux aux alentours.
On a oublié de dire que les femmes des quartiers pauvres hollandais viennent accoucher à Marigot avec le secret espoir que son enfant soit un jour Français.
On a oublié de parler de cette population de travailleur au rabais qui prennent une adresse coté français pour toucher les aides alors qu'ils travaillent coté hollandais.
On a oublié de dire que les gens armés viennent du coté hollandais pour braquer les magasins français car de notre coté les commerçants ne sont pas armé puisque les armes sont interdites et que notre gendarmerie fait son travail de contrôle.
Et si les travaux trainent de notre coté c'est en grande partie du aux assurances qui ont du mal à verser ce qu'ils doivent, effectivement du coté hollandais il n'y a pas ce problème, puisque majoritairement ils ne sont pas assurés, et qu'ils utilisent les travailleurs au rabais pour les travaux de reconstruction ce qui est impossible de notre coté, et tant mieux.
Enfin on a oublié de demander aux habitants coté français, si ils envient le modèle hollandais avec son tourisme de masse, la prostitution, la drogue, le commerce des diamants de sang. Pas certain que la réponse serait positive.
Les faits sont têtus
Les faits sont têtus