Enfin des classes de CP bilingues
« Ils ont fait la course pour Noël » tente un élève. « Ils ont fait DES courses pour Noël » le corrige une de ses camarades. « They are buying things for Christmas » enchaîne une autre qui, incitée par le maître, précise : « they are shopping ».
Mardi 11 décembre, cette classe de CP de l’école Hervé Williams entame sa deuxième séance de vocabulaire sur le thème de Noël. L’instituteur, Léonard Mussington - dit Lenny - leur parle en anglais, tandis que Katiuscia Hyman, référente de classes bilingues pour les îles du Nord, s’exprime en français. Les élèves commentent des images affichées au tableau et alternent entre les deux langues, selon l’enseignant qui se tient devant eux.
Un type de séance exceptionnel car habituellement leur emploi du temps est découpé en demi-journées. Leur maître leur fait par exemple la classe en anglais le matin, et la maîtresse de la classe de CP « ordinaire » vient poursuivre leur apprentissage en français l’après-midi. Ils sont en effet en classe bilingue.
Depuis septembre 2016 l’éducation nationale a expérimenté l’enseignement bilingue à Saint-Martin et Saint-Barthélemy en débutant par quelques classesde moyenne section et de 6ème. Cette année, c’est la première fois que ce dispositif est appliqué en CP. En plus de la classe d’Hervé Williams, on compte trois classes de CP bilingues à Saint-Martin (Aline Hanson, Omer Arrondel, Clair Saint-Maximin) et deux à Saint-Barthélemy.
Les classes bilingues ouvrent au fur et à mesure du passage des élèves au niveau supérieur. Ceux qui sont en CP aujourd’hui ont commencé avec le début du dispositif en moyenne section de maternelle. L’an prochain, le dispositif se poursuivra avec eux en CE1. Quatre classes de moyenne section, et quatre de grande section sont bilingues à Saint-Martin, et une dans chacun de ces niveaux à Saint-Barthélemy.
En tout, au premier degré, ils sont 303 élèves scolarisés dans 15 classes bilingues. Elles existent aussi au second degré, de la 6e à la 4e aux collèges de Quartier d’Orléans et de Gustavia. « L’objectif est de les amener jusqu’à la terminale pour qu’ils puissent ensuite poursuivre leurs études aux Etats-Unis, au Canada, en France et dans d’autres pays européens » explique Marie-Joselyne Arnell, conseillère pédagogique chargée du pilotage des classes bilingues au premier degré.
L’ambition de cette utilisation des deux langues (français et anglais) comme vecteurs de l’instruction, est de donner aux élèves l’opportunité d’acquérir une parfaite maîtrise à part égale, de ces deux langues. Dans la classe de CP bilingue de l’école Hervé Williams, les 14 élèves progressent aussi bien en anglais qu’en français. Leurs niveaux sont parfaitement équilibrés dans les deux langues. « Normalement les enfants de Saint-Martin mélangent les langues dans la même phrase. Et disent par exemple « give me my cahier ». Là, ils apprennent aussi du vocabulaire en anglais et font moins de mix. L’enseignement bilingue leur permet donc aussi de structurer leur langue maternelle » avance Léonard Mussington.
« Dans les classes bilingues, les élèves sont plus bavards, plus motivés, se sentent en confiance pour participer. Contrairement aux autres classes où ils ont de l’appréhension à s’exprimer en français. » ajoute-t-il.
Les enseignants rapportent aussi que les élèves ont plus d’interactions avec leurs parents concernant l’école. S’étant affranchis de la barrière de la langue, les parents peuvent plus s’impliquer dans la scolarité de leurs enfants. L’inscription en classe bilingue fonctionne sur le principe du volontariat. « Nous pressentons les enfants dès la petite section, selon leur profil linguistique (issus de parents anglophones). Après ce sont les parents qui décident » déclare Marie-Joselyne Arnell. Certains sont réticents et refusent, mais une majorité accepte.
Pour la première fois, le développement des classes bilingues sur le territoire semble bien parti pour se poursuivre. Jusque-là les différentes tentatives avaient échoué, comme la classe bilingue de l’école labellisée UNESCO de Sandy Ground. "A chaque fois ces tentatives se sont heurtées à des problèmes de gestion des ressources humaines" affirme l'inspecteur du premier degré Dominique Boyer. La principale difficulté pour la pérennisation de ce dispositif est le manque d’enseignants anglophones. C'est donc grâce à la possibilité de recruter des contractuels que l'enseignement bilingue peut se développer. Sur les dix enseignants anglophones concernés par les classes bilingues, quatre sont des contractuels. Dominique Boyer poursuit : "nous avons recruté des Bac+3 Saint-Martinois qui fonctionnent en binômes avec des enseignants chevronnés et qui sont en train de devenir très bons".
Commentaires
Bravo nos ti mouns !!!!
Bravo nos ti mouns !!!!
Surtout, évitez l'anglais
Surtout, évitez l'anglais Saint Martinois, une catastrophe incompréhensible, même dans les îles anglophones voisines !
Merci ! Ze vais enfin
Merci ! Ze vais enfin profiter de l'anglais. Comme çà, ze pourrai m'inscrire à une université US. Les impôts de mes parents sont bien utilisés.... pour profiter aux autres. Les plus pauvres vont bien rester et alourdir la facture fiscale. Super ! Vivent les ti mouns !