Super U : comment a-t-il géré l'avant et l'après Irma ?

Dès le mercredi précédent le passage d’Irma, la direction de Super U invitait ses clients à réaliser son stock de nourriture et d’autres produits. Une liste était présentée à l’entrée du magasin et des affichettes étaient posées au niveau des articles sélectionnés afin de faire gagner du temps.

À mesure que les bulletins météo prévoyaient puis confirmaient la trajectoire d’Irma, les Saint-Martinois étaient nombreux à aller faire leurs courses, réduisant alors les stocks. «Nous avons un certain stock de nourriture mais il est limité», déclare la direction qui ne peut stocker en masse ce type de produits. Toutefois, elle positionne plusieurs conteneurs de bouteilles d’eau sur le port dès le début de la saison cyclonique.

Le magasin a été fermé la veille au soir du passage d’Irma afin de pouvoir le mettre en sécurité. La direction avait demandé aux autorités leurs prévisions quant au déclenchement des alertes. Sachant que la rouge devait être donnée le mardi matin, il a été décidé de fermer le magasin lundi soir. Toutes les entrées ont été renforcées afin d’une part de prévenir des pillages et d’autre part des inondations. «Nous avions fait nettoyé à nos frais la ravine publique derrière le magasin. Nous l’avons de nouveau nettoyée avant Maria. Suite aux inondations survenues après Gonzalo en novembre 2014, nous avions aussi condamné des trous. Nous avons aussi surélevé des murs là où nous pensions que l’eau pouvait passer. À chaque cyclone, on apprend. On augmente le degré de préparation», explique la direction. Ce qui justifie que le magasin n’aura que de légers dégâts. «Nous avons eu beaucoup de chance», admet toutefois la direction. Une partie du toit est endommagée mais «le magasin est entier».

Au lendemain du passage d’Irma, la priorité n’est pas de rouvrir mais de «sécuriser» l’établissement. Les portes renforcées demeurent fermées et la société de sécurité privée qui travaille habituellement dans le centre est sollicitée. Une dizaine d’hommes va se relayer jour et nuit sur le site. Des palissades avec des palettes sont montées. Le parking est fermé. «Nous n’avons pas reçu d’aide de l’État pour assurer la sécurité. Par contre il nous a aidé dans le nettoyage», confient les responsables qui ont aussi pu compter sur 90 % de leur effectif.

En accord avec les autorités et avec le soutien de l’armée, Super U rouvre le 14 septembre. L’entrée et la sortie sont surveillées par des militaires. Tout est fait pour éviter les mouvements de masse.

Au niveau de l’approvisionnement, la gestion a été difficile. «En principe nous passons nos commandes le mercredi, sachant qu’Irma passait ce jour-ci nous avons anticipé et commandé le lundi. La semaine suivante, alors que nous sommes toujours fermés, nous passons une autre commande le lundi. Nos conteneurs sont déviés sur la Guadeloupe car le port de Pointe Blanche est fermé ce qui ne pose pas de problèmes en soi. Mais nous allons avoir des problèmes dans l’acheminement en raison des réquisitions de l’État», explique la direction. Des conteneurs sont en effet prêts à être acheminés mais ils ne pourront pas être montés sur le bateau car l’espace est réservé aux conteneurs de l’Etat qui veut acheminer du matériel. Durant plus d’une semaine, Super U ne va pas pouvoir réceptionner sa marchandise. D’autres conteneurs vont finalement arrivés à Pointe Blanche alors que d’autres sont toujours en Guadeloupe.

«Nous avons par ailleurs été beaucoup aidés par notre centrale d’achat en métropole où une cellule de crise a été montée. Grâce à des lignes sécurisées, nous avons pu permettre à nos clients de payer avec des cartes bancaires et passer nos commandes», souligne la direction de Saint-Martin.

En revanche, elle n’a pas pu faire face à la panne de la production de froid. «Nous avions commandé du gaz avant Irma mais le bateau qui le transportait était en panne en Espagne. C’est pourquoi nous ne pouvons pas encore proposer de froid», explique-t-elle.

Cela devrait être de nouveau le cas d’ici une semaine. Progressivement, le Super U retrouve un rythme de travail normal.