Irma, la Cat Nat la plus chère de France pour les assurances

Jusqu’à l’an passé, la sécheresse qui avait sévi en métropole en 2003 était la catastrophe naturelle qui avait coûté le plus cher en France avec un coût de 1,74 milliard d’euros. Réactualisé, le montant des dommages assurés causés par Irma est de 2 milliards d’euros, cela devient donc le phénomène Cat Nat le plus coûteux. Avec les inondations du Rhône en décembre 2003, il s’agit des trois plus coûteux événements dont les montants sont supérieurs à 1 milliard. Pour mémoire, les inondations consécutives à la tempête Xynthia en 2010 avaient coûté 840 millions d’euros.

A noter toutefois que les 2 milliards d’euros de dégâts causés par Irma concernent Saint-Martin et Saint-Barthélemy ; à fin mai 2019, 890 millions d’euros d’indemnités avaient été versés à Saint-Martin.

En 2018, un nouvel épisode de sécheresse et les inondations (notamment celles du bassin de la Seine) ont été à l’origine de 1,8 milliard d’euros de dommages.

«Les inondations de la Seine en 2016, le cyclone Irma en 2017 et une succession d’événements d’ampleur moyenne en 2018 ont mis à l’épreuve le régime des catastrophes naturelles avec un cumul inhabituel de sinistres de toutes natures», commente la CCR, la caisse centrale de réassurance, organisme public qui «propose aux compagnies opérant en France, dans l’intérêt général, des couvertures contre les catastrophes naturelles et les risques non assurables».

«Irma est le plus gros sinistre auquel la CCR a eu à faire face depuis 1982. Sa gestion a revêtu un caractère spécifique, du fait du caractère insulaire des territoires concernés », souligne-t-elle dans son rapport d’activités 2018.

«Irma a mis en exergue le cas spécifique des départements et territoires d’outre-mer où le taux de pénétration de l’assurance est de l’ordre de 50 % en moyenne, bien que l’exposition aux risques naturels soit très importante. Par ailleurs, le secteur de l’assurance y est beaucoup plus concentré qu’en métropole, avec seulement 15 assureurs», complète Thierry Cohignac, directeur adjoint des réassurances & fonds publics au sein de la CCR.

A titre comparatif, le taux de personnes assurées est proche de 100 % et le nombre d’assureurs dommages de l’ordre d’une centaine. «Sur l’outremer, les primes collectées sont de l’ordre de 25 millions d’euros avec moins d’un million d’euros pour les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, alors qu’à lui seul, le montant du sinistre Irma représente près de 2 milliards d’euros», précise-t-il. Et d’admettre : «Ces chiffres démontrent à eux seuls l’intérêt du régime pour la couverture des territoires les plus exposés. Sans le régime Cat Nat et la réassurance publique proposée par CCR, ces territoires ne seraient pas assurables. CCR a effectué après Irma des ajustements de ses conditions de réassurance, mais en gardant pour objectif de permettre aux acteurs exerçant outre-mer de poursuivre leur activité sans difficultés. »

Afin de tirer les enseignements d’Irma, le régime des catastrophes naturelles doit être réformé ; le projet devrait être présenté au Parlement avant la fin de l’année selon la volonté de l’Etat.

Depuis 1990 (intégration des outre-mer au régime Cat Nat), cinq reconnaissances Cat Nat ont eu lieu à Saint-Martin dont quatre pour inondations. Il n’y en avait pas eu pour Gonzalo mais pour les inondations et coulées de boues survenues trois semaines plus tard, début novembre 2014.

Avec les communes d’Ajoupa Bouillon en Martinique et la COM de Saint-Barth, Saint-Martin est la collectivité qui présente le plus petit nombre de reconnaissances Cat Nat des Antilles et de la Réunion où les principaux risques sont similaires (Saint-Martin n’ayant pas le risque volcanique). A l’inverse la commune ayant eu le plus de reconnaissances est Gourbeyre dont 14 pour inondations.

A Saint-Martin la fréquence moyenne des sinistres (tous périls) est estimée entre 2 et 5 % contre souvent plus de 10 % en Guadeloupe ou Martinique.