23.04.2021

Accusée d'avoir importé 2,3 kg de cannabis, elle est relaxée car "le colis était vide"

La drogue avait été saisie par la police de Sint Maarten et non remise aux enquêteurs français.

Il y a des histoires qui parfois font sourire en raison de leur caractère rocambolesque. Celle impliquant une femme originaire d’Anguille et âgée de 34 ans examinée par le tribunal de proximité de Saint-Martin jeudi en fait partie. EC était convoquée pour avoir importé à Saint-Martin 2,35 kilos d’herbe de cannabis des Etats-Unis par voie postale. Les faits sont graves puisque la prévenue encourt une peine de dix ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 7,5 millions d’euros. Mais bien qu’elle ait reconnu avoir commandé pour 800 dollars du cannabis, elle a été relaxée.

Le 21 juillet dernier, les gendarmes sont informés par la police de Sint Maarten de la découverte à l’aéroport Juliana de 2,35 kg d’herbe de cannabis répartis dans onze pochettes en plastique dans un colis à destination de la partie française. La police saisit la drogue, prend une photo et remet le paquet –vide- dans le circuit de livraison de la société de transport international. Elle indique aussi aux gendarmes le nom du destinataire du colis (une amie de la prévenue) et transmet la photo de la saisie.

Une surveillance est rapidement mise en place et quelques heures plus tard, les gendarmes sont en poste à Quartier d’Orléans où EC doit rencontrer un individu. Comme attendu, le camion de la société de transport international arrive, EC récupère le colis. Puis elle est interpellée par les gendarmes et placée en garde à vue une première fois lors de laquelle elle nie les faits. Elle sera placée en garde à vue une seconde fois et reconnaîtra avoir demandé à une amie de passer la commande pour elle pour un montant total de 800 dollars.

A la barre du tribunal, EC confirme que la drogue était pour sa propre consommation. Elle avoue être une consommatrice régulière de cannabis, elle fume deux à trois joints par jour. A la demande des juges, elle précise aussi qu’elle achète aujourd’hui son herbe à Bellevue. Elle dément toutefois se livrer à un trafic de cannabis.

En revanche, elle indique qu’elle vend du tabac, une activité non déclarée qui peut lui rapporter environ 2 000 dollars par mois. Le parquet a souhaité creuser le sujet en posant une première question mais la prévenue, sur les conseils de son avocate, n’a pas répondu comme la loi le lui permet.

Le procureur a tout de même compris que EC avait su se construire des réseaux pour se livrer à des trafics. Il a requis une peine d’un an de prison et une amende de 1 000 euros pour les faits reprochés, soit l’importation illégale de produits stupéfiants.

En défense, l’avocate, maître Marion Tillard, s’est attachée à démontrer qu’il n’y avait aucune preuve matérielle pour le prouver. «Ma cliente a été interpellée avec un paquet vide… Le paquet était vide», a-t-elle souligné à plusieurs reprises. Comme il est mentionné dans l’enquête de gendarmerie, la drogue a été saisie par la police de Sint Maarten mais n’a jamais été remise aux autorités françaises, il n’est pas non plus précisé si elle a été détruite. «La police de Sint Maarten n’a fourni à la gendarmerie aucun PV relatif à cette saisie. Aucun document ne prouve la quantité de drogue saisie. Aucun PV non plus n’indique que le contenu saisi était bien du cannabis, aucun test n’a été effectué pour le vérifier», insiste-t-elle en faisant allusion à la récente confusion par les policiers en France entre de la cocaïne et des fraises Tagada. «Le seul élément dont on dispose c’est une photo, une photo du cannabis qui aurait été soi-disant trouvé dans un colis le 21 juillet dernier... un colis qui a été remis vide dans le circuit de distribution», fait observer maître Tillard. Et de marteler : «il n’y a aucun scellé dans le procédure prouvant l'existance de produits stupéfiants». Ni côté français, ni côté hollandais.

Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé EC.

Estelle Gasnet