Team Gibbs 2017 : un programme pour les Saint-Martinois
Lors de la campagne électorale de 2012, il avait été reproché à Daniel Gibbs de vendre Saint-Martin aux étrangers, précisément à des Canadiens qui étaient venus présenter leur projet d’aménagement du front de mer et de la baie de Marigot. Il lui avait été aussi collé l’étiquette de candidat des métropolitains. Aussi n’avait-il pas fait l’unanimité auprès des Saint-Martinois.
Cinq ans plus tard, changement de stratégie. Daniel Gibbs joue la carte saint-martinoise. Il s’est entouré de personnes connues pour leur implication dans la défense du territoire et de l’identité saint-martinoise. On trouve notamment Steven Patrick et Sofia Carti qui avaient participé aux barrages du 22 octobre 2015. Steven Patrick, représentant du conseil de quartier numéro un, s’était également fortement mobilisé lors des barrages de la Baie Orientale en mars 2016.
♦ Encourager l’embauche des Saint-Martinois
Durant la présentation de son programme à la presse, Daniel Gibbs a ainsi insisté sur la place qu’il veut donner aux Saint-Martinois dans le développement du territoire. Tout d’abord en matière d’emploi en insistant sur sa volonté de «soutenir l’embauche locale». «Dans le cadre des marchés publics, nous exigerons qu’un pourcentage de Saint-Martinois en insertion soit embauché par les entreprises sélectionnées», a-t-il annoncé. Mais la mesure qu’il va mettre en exergue durant la campagne sera «l’avantage fiscal pour les entreprises recrutant des jeunes saint-martinois». «Si ça ce n’est pas une mesure phare pour créer des emplois…», a-t-il commenté.
♦ Education
Autre domaine où Daniel Gibbs veut accompagner les Saint-Martinois, l’éducation. «La scolarité est trop souvent synonyme d’échec à Saint-Martin», note-t-il. «Des mesures de fonds s’imposent pour inverser ce constat». Et pour les mettre en place, nul doute que la Team Gibbs 2017 s’est appuyée sur l’expérience d’Annick Petrus, professeur des écoles et directrice. L’une des priorités sera de «valoriser le multilinguisme dès la maternelle».
«Lorsqu’ils arrivent à l’école maternelle ou primaire, nos enfants sont désorientés par un enseignement qui ne se fait qu’en français. Pour régler ce problème de l’apprentissage du français, nous souhaitons que dès que la maternelle et pour tout le premier degré, l’enfant ait auprès de lui et du professeur des écoles, un référent en langue maternelle saint-martinois qui serait recruté dans un corps spécifique d’instituteurs. La création de ce corps d’instituteurs locaux permettrait de recruter de jeunes bacheliers saint-martinois qui, aujourd’hui, ne trouvent pas d’emploi sur l’île», explique la Team sans toutefois donner plus de détails. «Une telle réforme donnerait à chaque enfant la chance de pouvoir maîtriser aussi bien l’anglais que le français», conçoit-elle.
La Team veut en outre former les professeurs «arrivant à Saint-Martin» à la culture locale. «Par le biais du centre de formation autonome de la Collectivité, en partenariat avec le rectorat, nous proposerons une formation aux codes et pratiques culturels et linguistiques de Saint-Martin à tout professeur arrivant à Saint-Martin». Il est aussi envisagé de lancer des «travaux pour la conception d’un manuel scolaire d’histoire de Saint-Martin». Sans là non plus donner davantage de précisions quant à la mise en place de ces mesures. En sachant que l’éducation est une compétence de l’Etat et non de la COM.
♦ Revenir au POS
Fin 2015, Daniel Gibbs avait apporté son soutien aux personnes qui s’étaient mobilisées contre l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU). C’est donc sans grande surprise qu’il a annoncé qu’il reviendrait au plan d’occupation des sols (POS) et qu’il fera voter une délibération permettant de modifier le code de l’urbanisme en ce sens. La délibération serait même déjà écrite.
♦ Plus de grands projets touristiques
Alors qu’en 2012, il était convaincu que Saint-Martin avait besoin d’un grand projet touristique et de la venue d’investisseurs étrangers pour relancer l’économie de la partie française, aujourd’hui Daniel Gibbs nourrit une réflexion bien différente. «J’ai su tirer les leçons du passé», confie-t-il. Il préfère ainsi parler «d’infrastructures touristiques» que de «grands projets».
«L’aménagement d’infrastructures touristiques à Marigot est notre propriété», conçoit la Team Gibbs 2017 qui veut ainsi créer «Le grand Marigot», un projet qui s’étendra de Morne Valois à Bellevue. «Cette démarche ambitieuse mais nécessaire devra notamment prévoir la rénovation de la marina Royale, l’augmentation de la capacité d’accueil de la marina Fort Louis, la réalisation d’un quai de croisière et d’un terminal d’accueil, la création de chantiers navals à Galisbay et favoriser l’implantation d’hôtels et de logements en centre-ville», détaille la Team qui, par contre, ne précise pas comment son projet sera moins prétentieux que ceux jusqu’alors présentés.
♦ Coopération et Europe : des sujets peu abordés
Lors de la présentation de son programme aux médias, le candidat a en revanche très peu abordé des sujets sur lesquels il avait l’habitude de s’exprimer : la coopération avec Sint Maarten ou la place de Saint-Martin dans l’Europe.
Rares ont été ces dernières années les occasions manquées pour Daniel Gibbs d’argumenter sur la nécessité de s’interroger sur le choix du statut de la COM dans l’Europe (RUP ou PTOM). Dès que l’opportunité lui était donnée, il invitait à réfléchir sur les avantages et les inconvénients à rester dans le périmètre européen. Il avait aussi missionné un professeur de droit public pour réfléchir sur la question.
Durant ces dernières années, il avait aussi souvent défendu son idée de mettre en place le Saint-Martin United congress, un organe de coopération qui pourrait offrir «un cadre d’un exercice conjoint des compétences de Saint-Martin et de Sint Maarten». Mais samedi devant les médias, aucun mot à ce sujet.
L’implication de Steven Patrick dans les barrages du 22 octobre 2015
Pour rappel, ces manifestations initiées par le comité Saint-Martin Wake up et qui avaient bloqué l’accès à Marigot, avaient pour but de faire annuler le plan local d’urbanisme (PLU). Le comité avait expliqué que ce document avait été rédigé par «l'administration française», or ce n’est pas à l'Etat de décider de la vocation des terrains et de l'aménagement du territoire, estiment-ils. Le comité avait réussi à obtenir de la part de la COM la mise en stand by de la procédure de l’élaboration du PLU. Les membres du comité s’étaient alors dits satisfaits et avaient salué «les représentants des conseils de quartiers (notamment n° 1et 2, NDLR), composant le collectif Saint-Martin wake up pour leur détermination et pour rappeler que la démocratie à Saint-Martin passe par les conseils de quartiers ! ».
Commentaires
la seule question que je
la seule question que je poserai est celle-ci Monsieur GIBBS : sommes nous sur le territoire français? la langue est le français d'abord, l'enseignement est fait en français avec des livres initiés par l'Education Nationale. que les enfants parlent chez eux en anglais c'est un plus pour eux... mais comment peuvent ils évoluer , envisager un avenir serein, avec le niveau qu'ils ont en fin de scolarité actuellement. le fait de proposer l'anglais et le français n'est pas opportun. ! c'est mon avis !