Le Manteau : des moyens renforcés pour mieux répondre aux besoins
Avec ses douze lits réservés aux femmes et leurs enfants, le Manteau est le seul CHRS de Saint-Martin et est à ce titre subventionné par l’Etat. L’association dont les locaux sont mis à disposition par la COM, compte aujourd’hui 15 employés. Après Irma, ils n’étaient plus que 6 sur 12. Depuis, certains sont partis, d’autres sont revenus et pour faire face aux besoins, des emplois ont été créés.
Grâce à la préfecture, quatre postes en contrats aidés de 20 h ont été créés pour une durée de dix mois, et la Fondation de France a permis d’embaucher deux personnes en CDD de 35h pendant un an. L’équipe comporte désormais : une cuisinière, une secrétaire/comptable, deux surveillants de nuit, trois animateurs, une assistance sociale, deux agents de maintenance, un éducateur spécialisé, un agent d’entretien, une monitrice-éducatrice, un médiateur et une directrice.
Au lendemain du cyclone, Audrey Gil, la directrice, d’abord aidée de quelques amis puis des salariés du Manteau à partir du 21 septembre, s’est déplacée dans les quartiers à bord du pickup de l’association pour donner vêtements, produits d’hygiène et produits alimentaires qu’elle avait en stock, ainsi qu’un container d’eau offert par un de ses partenaires. L’association a également hébergé en urgence quatre femmes et leurs enfants. Puis, assez rapidement, les distributions ont été faites directement au centre. « Entre septembre et décembre nous avons reçu énormément de monde » avance Audrey Gil. L’association comptait 450 usagers avant Irma, le double jusqu’en décembre et aujourd’hui environ 500. Pour mener à bien ses missions l’association a reçu une subvention exceptionnelle de l’Etat en décembre.
Entre septembre et décembre, Le Manteau fonctionne en effectif réduit. Les distributions alimentaires ont lieu deux fois par semaine, et trois fois par semaine pour les vêtements collectés en plus grand nombre. Elles sont effectuées avec l’aide d’une équipe de la Croix Rouge et sécurisées par les gendarmes et l’armée. Les denrées proviennent de la Croix Rouge, de la banque alimentaire de la Guadeloupe/COM et de dons d’associations de France et de Guadeloupe.
Son équipe renforcée, l’association a pu reprendre un fonctionnement normal depuis le mois de décembre 2017. Et notamment les ateliers (cuisine, aide aux devoirs, groupes pour les femmes victimes de violences, et portes ouvertes avec des jeux et des groupes de parole le vendredi matin), la préparation des petits-déjeuners et déjeuners pour les usagers, l’accès aux sanitaires et à la blanchisserie..., ainsi que plus généralement, l'accompagnement social.
Mais les stigmates d’Irma sont toujours là et Le Manteau continue, avec l’habilitation de l’Etat, la distribution des colis alimentaires gérés par la COM et partagés entre les différentes associations de l’île. « Mais depuis la fin juin, l’association ne peut plus répondre aux demandes des usagers par manque de nourriture » explique Audrey Gil qui se voit contrainte d’éconduire chaque jour les quelques personnes qui continuent de venir chercher des denrées.
Comme l’association a recommencé depuis plusieurs mois la préparation et la distribution en son local des petits déjeuners et déjeuners, les personnes son invitées à venir manger au Manteau avec les autres usagers. Ces repas offerts quotidiennement sont préparés notamment grâce aux dons de Monoprix, Super U et Netter.
Pour devenir usager il faut passer un entretien social, et apporter des papiers (CAF, passeport, sécurité sociale…). Avant, l’association avait son propre fichier mais depuis un mois, pour l’hébergement d’urgence, elle porte le SIAO jusque-là basé en Guadeloupe. Les Services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) ont été créés en France en 2010 afin d’améliorer la prise en charge des personnes sans abri ou mal logées. « Nous n’avons pas encore le numéro (le 115) alors pour le moment il faut venir directement au Manteau » précise la directrice.
A terme, l’objectif est que toutes les grosses associations du territoire utilisent le même logiciel pour entrer les données des usagers afin d’obtenir une image des besoins réels de la population et les répertorier. Ce qui empêchera par ailleurs les risques de fraude. Une réunion commune aux services de l’Etat, de la COM et les associations devrait se tenir courant septembre pour mettre ce système en place.
En outre, l’association avait ouvert une friperie solidaire en février 2017. Elle est toujours bien approvisionnée grâce à de nombreux dons de la population locale mais aussi de collectes réalisées en métropole via la page Facebook du Manteau et le bouche-à-oreille. Toutefois, le toit du bâtiment ayant été endommagé par l’ouragan, le local subit des infiltrations d’eau. La friperie fonctionne donc au ralenti et n’est donc ouverte que le mercredi matin de 9 heures à midi et tous les articles sont à un euro.
L’association espère une délocalisation d’ici un an. Elle travaille actuellement avec l’ARCAVS de Martinique, "un bailleur social qui récupère de l’argent de la défiscalisation pour faire de l’hébergement d’urgence" explique Audrey Gil avant d'annoncer : « il y aura douze places pour les femmes et vingt places pour les pensions de famille (personnes en difficulté sociale, physique ou psychologique) ». Elle croise les doigts pour que tout se déroule comme prévu.
Pour l'heure, elle ajoute : "ce qui manque le plus aujourd'hui c'est de la nourriture à donner".