Le grand débat national peut aussi avoir lieu à Saint-Martin
Pour répondre notamment à la crise des gilets jaunes, le gouvernement engage un grand débat national afin de donner la parole aux Français pendant deux mois sur quatre thèmes : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
Un grand débat qu’Emmanuel Macron a lancé ce mardi 15 janvier dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde (Eure) devant quelque six cents maires normands. Ils ont pu faire remonter les doléances des citoyens, recueillies dans les mairies depuis quelques semaines.
Diffusée dimanche sous format numérique et censée être envoyée par courrier postal à tous les Français, la « Lettre aux Français » du président de la République vise à poser le cadre du Grand débat qui s’est ouvert aujourd’hui, et encourager les Français à y participer. Emmanuel Macron y pose environ trente-cinq questions liées aux quatre thèmes choisis pour cette consultation. « S’il y a des questions intelligentes, des sujets que je n’ai pas vus qui émergent, ils seront aussi pris. Il ne doit pas y avoir de tabou au moment où l’on se parle » a déclaré le président en introduction de la séance d’aujourd’hui avec les maires.
« Le Grand Débat National se déploiera tout d’abord à partir de réunions d’initiatives locales » indiquait hier le gouvernement dans un communiqué. Ces réunions permettront à chacun de débattre au cours de réunions publiques, de se faire entendre et de convaincre.
A compter du 21 janvier, les contributions des Françaises et des Français pourront être directement déposées sur le site ou envoyées par courrier postal (Mission Grand Débat - 244, bd Saint-Germain, 75007 Paris).
Des stands de proximité seront installés dans des lieux de passages du quotidien. Ils permettront à ceux qui le souhaitent de donner leur avis sur les thématiques mises au débat. Pour l’heure, rien n’est prévu à Saint-Martin à ce sujet.
Depuis aujourd’hui, mardi 15 janvier 2019, chacun doit avoir accès à la liste des débats organisés dans sa région sur le site internet du Grand Débat National. Ce site va permettre aux citoyens, élus et institutions ainsi qu’organisations à but lucratif ou non lucratif qui le souhaitent de s’enregistrer afin de déclarer un débat qu’ils ou elles souhaiteraient organiser. Un numéro vert France Métropolitaine 0 800 97 11 11 et le 01 82 71 03 39 pour l’Outre-Mer complèteront le lancement de la plateforme numérique.
Pour les aider dans cette démarche, la plateforme mettra à disposition des organisateurs :
• un kit méthodologique (c’est-à-dire un mode d’emploi des réunions locales proposant un déroulé, les démarches à suivre de la création à la restitution d’une réunion, les bonnes pratiques pour animer et organiser une réunion),
• des fiches de présentation des thèmes mis au débat (chacun des 4 thèmes proposés dispose d’une fiche présentant des éléments de contexte, des points de débat et une troisième partie qui servira de modèle de compte-rendu sur la base de questions fermées et ouvertes),
• des fiches thématiques et des « kits territoriaux » permettront d’éclairer les réflexions collectives durant les réunions.
Enfin, à partir du 1er mars, des conférences citoyennes régionales seront organisées, associant des Français tirés au sort dans chaque région à des représentants de diverses parties prenantes. Pour garantir l’indépendance du grand débat, un collège de garants sera désigné. Il sera composé de cinq membres - deux désignés par le gouvernement et trois désignés respectivement par le président de l’Assemblée nationale, le président du sénat et le président du Conseil économique, social et environnemental. En outre, le gouvernement va proposer à toutes les formations politiques représentées à l’Assemblée nationale ou au Sénat de participer à un comité de suivi, chargé de veiller au plein respect du principe de pluralisme.
Le gouvernement prendra en compte tous les avis et propositions exprimés dans le respect de la méthode et des règles du Grand Débat National, selon les principes de transparence, de pluralisme et d’inclusion, de neutralité, d’égalité, de respect de la parole de chacun.
Sous le contrôle des garants, toutes les contributions seront rendues publiques, analysées et restituées au président de la République et au gouvernement.
Qu’en est-il à Saint-Martin ?
Contrairement à de nombreuses mairies de l’hexagone, la Collectivité de Saint-Martin n’a pas encore mis de cahier de doléances à la disposition de la population. Toutefois, indépendamment du grand débat, elle mène depuis plusieurs mois une réflexion sur une déclinaison locale de concertation directe et régulière de la population sur ses projets.
Par ailleurs, sur le site du grand débat aucune réunion n’est planifiée sur le territoire, du moins rien n’y figure pour le moment.
La préfecture de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin a transmis aux présidents des Collectivités territoriales la lettre du Président de la République qui présente le Grand débat national et les contours de son organisation. Elle est à leur disposition pour les accompagner, notamment via un kit de communication qui leur sera transmis dans les prochains jours.
De plus, les élus des Outre-mers sont invités à l’Élysée le 1er février prochain. Il leur sera alors possible de remettre au Président de la République les premiers retours des concertations locales.
Commentaires
Les attentes des Français,
Les attentes des Français, Emmanuel Macron les connait déjà. On peut donc s’interroger sur l’utilité de poser des questions auxquelles les réponses ont déjà été apportées pendant la campagne présidentielle.
En effet, il y a deux ans, entre décembre 2016 et février 2017, les « Marcheurs » s’étaient lancés dans une vaste campagne de porte-à-porte sur tout le territoire national. Plus de 30 000 personnes avaient été "démarchées" et 3 000 ateliers-débats avaient été organisés autour de sept thématiques : Education, Travail, Santé, Vie Démocratique, Europe, Environnement et Solidarité.
Ces 3000 ateliers ont été synthétisés dans un document du 22 février 2017 reprenant, pour chaque thématique, les aspirations de la population : « LA RESTITUTION DES ATELIERS DU PLAN DE TRANSFORMATION » (https://docs.wixstatic.com/ugd/822ce3_10d7847f017a4148badb5d62d1bc83f8.pdf).
On peux y noter, entre autres, les 95% d’avis favorables à la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé et les 86% de soutien au principe du Référendum Citoyen.
Par quel miracle Emmanuel Macron accepterait-il de faire demain, après ce "grand débat national", ce qu’il a refusé de faire en 18 mois de gouvernance ?
Cela dit, ce pourrait être une opportunité, pour les citoyens de Saint-Martin, de présenter une réflexion locale globale sur l'avenir de notre territoire au sein de la nation et de l'Europe, en tant que Collectivité régie par l'article 74 de la Constitution et de RUP (Région ultrapériphérique) européenne, en rappelant, once more again, les contraintes et les spécificités de notre île-charnière d'outre-mer.
Et ce n'est pas parce que nous sommes une île-charnière qu'il faut continuer à nous prendre pour des gonds !