PPRN : les habitants de Grand Case soulèvent des incohérences
La troisième réunion publique de présentation de la révision du plan de prévention des risques naturels (PPRN) s’est déroulée lundi en fin d’après-midi à la cité scolaire.
La quarantaine de personnes présentes a posé des questions et soulevé quelques incohérences principalement pour les quartiers de Grand Case et Cul-de-Sac.
A Grand Case seule une partie de la côte a été classée en rouge foncé (la partie longeant le cimetière) ainsi que la plage tout le long de la baie. La bande comprenant la première ligne de maisons à partir du « centre » de Grand Case est en rouge clair (contraintes fortes). La reconstruction y est autorisée à la condition de réduire la vulnérabilité. À l'arrière, la zone est en bleu et en blanc car le risque est considéré comme plus faible.
Jean-David Richardson, représentant du conseil de quartier a rapporté deux questions posées par les riverains : «il est recommandé d’élever les habitations pour réduire leur vulnérabilité mais comment fait-on à Grand Case puisque nous sommes dans la zone de l’aéroport et que la hauteur des bâtiments est réglementée ?» Le représentant de la DEAL a répondu que la COM était en train de travailler avec l’aviation civile pour réaliser un plan de servitude aéronautique afin de déterminer la zone précise et la hauteur et d’avoir un document directement applicable.
«Peut-on détruire une habitation qui ne l’a pas été par Irma afin de la rendre plus solide et conforme aux normes sismiques ? » a poursuivi le représentant du conseil de quartier. «S’il s’agit de réduire la vulnérabilité de l’habitation selon les prescriptions du PPRN oui» lui a répondu en substance le représentant de la DEAL.
«Si la première ligne d’habitation a protégé les autres de la submersion marine pourquoi ne pas continuer à construire comme ça y compris à Sandy Ground» interroge un habitant. La DEAL a expliqué que les dents creuses, ces espaces vides entre deux habitations sur la première ligne, étaient éligibles à la construction en zone rouge (mais pas rouge foncé) à la condition qu’il s’agisse d’un bâtiment à vocation commerciale. Toutefois la préfète a souligné que les maisons du premier rang « avaient tout prix». « Elles sont là, on ne va pas les déplacer. Mais ce n’est pas une solution miracle car ceux qui sont en première ligne sont toujours exposés ».
Un autre habitant rebondit sur la problématique des dents creuses : « s’il ne reste que la dalle d’une habitation celle-ci n’est pas reconstructible quelle que soit la destination du bien. Elle devient alors une dent creuse. Que se passe-t-il alors ? Je pense qu’il y a là une réflexion à avoir ». Et ajoute : « quand un bien est réparable (que sa structure a tenu, ndlr), mais qu’il s’agit d’un bâtiment des années 60 ou 70. La réparation et réduction de la vulnérabilité suppose que les murs soient abattus car plus aux normes… ». « Le PPRN est un état des lieux au moment présent. Il n’est pas figé. Vous pouvez l’amender. S’il y a des incohérences, il faut les soulever afin qu’on puisse les prendre en compte » précise la préfète en guise de réponse. Sylvie Feucher explique que le document effectué par la DEAL en fonction des demandes de la COM et des professionnels afin de tenir compte de l’intérêt économique des zones, a été envoyé lundi à la collectivité qui va pouvoir le modifier. Aux alentours du mois de septembre, le tribunal administratif saisira un commissaire enquêteur qui aura deux mois pour recueillir les observations des citoyens.
Un autre habitant fait remarquer que sur le front de mer de Grand Case, 110 habitations étaient protégées par des brise-lames et que seule une d’entre elles a été détruite : « pourquoi ne peut-on pas reconstruire si on installe un brise-lames ? ». « Là, il s’agit d’une photographie de l’existant. Si des moyens de protection sont construits pour déclasser la zone il n’y a pas de problème. C’est à la COM de mettre en place un plan d’aménagement global pour cette zone » avance la préfète. Une autre habitante explique qu’il ne reste que la dalle de sa maison, et qu’étant située en zone rouge, elle ne peut pas la reconstruire : « je dois donc attendre peut-être dix ou quinze ans que la COM décide d’installer des moyens de protection pour reconstruire ».
Quant à Cul de Sac, les habitants dont M. Beauperthuy ont bien noté que les pourtours de l’étang de la barrière étaient en rouge. « Pourtant c’est bien là que la Réserve naturelle veut construire l’institut de la biodiversité. L’autorisation s’étendra-t-elle aux riverains ? » interrogent-ils. « Je ne sais pas si l’institut sera construit ni même quand. En tout cas je sais que les plans ont été modifiés afin de surélever le bâtiment. Il s’agira de toute façon d’une infrastructure publique » indique la préfète pour expliquer que c’est justement ce statut qui autorise la construction dans la zone rouge.