"Souvenirs d’enfance" : Axel Hubler rend hommage aux curés qui ont marqué Saint-Martin
A Saint Martin, nous avons souvent été chanceux quant à nos curés. Tous très humains, proches et à l'écoute. Certains marqueront davantage leur passage que d'autres. Personnellement je porterai toujours dans mon cœur Father Gerard Kemps.
Originaire des Pays Bas, il arrive sur notre territoire en 1954. Il dira jusqu'à la fin de sa vie, que nul autre endroit que notre île, ne le comblait autant de bonheur. D'ailleurs, quatre ans après son arrivée, en 1958, il composera par amour des vers qui, deviendront notre hymne national. Bien que traduit en français également, je préfère la version originale en anglais : "O sweet Saint Martin land".
Il était d'une douceur infinie. Polyglotte, je ferai mon catéchisme et formation religieuse avec lui en espagnol. Pendant plusieurs mois, en 1979, je serai enfant de chœur. Je me remémore à l'instant où j'écris ces lignes, lorsque je sonnais la cloche dans l'ancienne église coloniale en bois de Grand Case : Saint Mary star of the sea. Malheureusement, en 1982, lors de travaux de réfection, elle disparaîtra dans les flammes et sera remplacée par l'actuelle. Je me revois dans ma petite soutane blanche au col brodé, courant dans l'escalier pour monter au clocher. Sautant pour m'accrocher à la corde et enfin entendre le son de la vieille cloche.
La première fois que je l'ai assisté à la messe, impressionné. Je n'ai rien oublié. Peu de temps avant sa mort, la reine Beatrix des Pays-Bas le décorera chevalier, et il rentrera mourir dans son village natal. Dans la ruelle qui conduit à l'église de Marigot, il y a une plaque commémorative en son honneur. Encore aujourd'hui sa maison de Grand Case est visible face à l'église. Mais elle est toujours fermée.
Il conduisait fièrement sa Coccinelle blanche qu'il garda tout au long de son ministère. Sa petite moustache et sa montre portée à l'envers sont gravées dans ma mémoire. C'est curieux, car j'ai encore le son de sa voix.
Il y a eu aussi le Père Cornelius Charles. Avec son élocution si particulière. Bien qu'originaire de Sainte Lucie je crois, il tombera également amoureux de notre île au point de demander à y être enterré. J'aimais l'écouter parler, même à la radio, sa voix était captivante. Lorsqu'il sera en désaccord avec Monseigneur Cabo, évêque de la Guadeloupe sur sa mutation, le journal télévisé en parlera et nous éviterons toute proportion gardée, un "schisme" local !Un curé, qui dans un temps plus reculé a également beaucoup marqué notre île, fut le père Jean Verstappen. Vous le voyez ici en photo. A son arrivée, il s'efforcera de "mettre en ordre" la paroisse, puisqu'au milieu des années 1940, il y avait trop de mixité à son goût entre anglicans et catholiques. C'est lui qui fera restaurer l'église Saint Martin de Tours de Marigot en 1951 car elle était en piteux état comme le montre la photo. C'est lui également qui demandera la construction de l'église Sainte Marie de Grand Case la même année et qui, en dernier, commandera la construction de la belle église Saint Joseph, toute en pierre en 1954. Il m'a été rapporté que cette dernière a été construite par Monsieur Deldevert et qu'une grande partie de la population du Quartier d'Orléans a participé à l'époque à la récolte des pierres pour lui donner vie...
Je parle ici, des curés qui ont marqué notre communauté. J'en oublie peut-être, de ce fait je vous demande de me pardonner. Mais avant de clore ces lignes, je me dois de remercier un grand monsieur, d'une écoute et douceur infinies. Je pèse mes mots en disant qu'il a transformé ma vie et tiens ici à lui montrer ma gratitude sincère. A ses explications, à sa compréhension qui ont réveillé en moi une foi endormie. C'est notre prêtre, Père Marcin Karwot. Polonais d'origine, s'exprimant à la perfection en tant de langues différentes, je nous considère heureux d'avoir un tel homme accompagnant la spiritualité de bien d'entre nous. Mon Père permettez moi humblement vous dédier ces lignes. Saint Martin mon île. Souvenirs divers. Antilles Françaises .