Frontière : Daniel Gibbs n'apprécie pas le "manque de considération" de l'Etat vis à vis des élus
«Après plusieurs semaines de discussions avec la préfecture et l’ARS, - notamment pour anticiper la problématique scolaire posée par les contrôles, après avoir protesté contre le maintien de ces contrôles et opposé un ensemble d’arguments légitimes et de propositions de solutions auprès des plus hautes autorités de l’Etat, attestant de la nécessité socio-économique urgente de rouvrir la circulation entre le nord et le sud de l’île, après que la population est descendue dans la rue pour appuyer la contestation de ces restrictions et faire entendre sa voix, avec le soutien des élus des deux parties de l’île, nous ne pouvons que nous féliciter, collectivement, que cette unité aboutisse à la fin des contrôles aux frontières et au retour à la libre circulation entre le nord et le sud. C’est un soulagement pour nous tous», convient le président de la COM suite à la décision de la préfète de lever les contrôles aux frontières.
Cependant, Daniel Gibbs demeure amer. Il estime le fait que la préfète cède au peuple parce qu’il menace de troubler l’ordre public, plutôt qu’aux élus et aux socioprofessionnels qui ont pendant des semaine tenté de justifier la nécessité de lever les contrôles en évoquant des raisons économiques, est un manque de considération de sa part.
«Notre devoir d’élus consiste à alerter et conseiller la représentation locale de l’Etat et les ministères sur la nécessité de reconnaître nos spécificités et d’agir pour lutter contre la propagation du covid19, ce que nous nous attachons à faire avec un engagement sans faille, en étant en plus force de proposition. Nous attendons de ces mêmes services un respect de la représentation politique locale qui a vocation à protéger les citoyens et empêcher des manifestations de mécontentement qui ne devraient pas avoir lieu », explique-t-il. «Selon les déclarations de madame la préfète, la décision de libérer les frontières aurait été prise en réponse à la menace de troubles à l’ordre public exprimée par les membres d’une association. Quel manque de considération envers la mobilisation et l’engagement de la classe politique locale ! Quelle réduction pour Saint-Martin et sa population », confie-t-il.
Par ailleurs, il dénonce l’attitude de la préfète de reporter sur la population la responsabilité d’une prochaine hausse de cas et du non respect des gestes barrières. «Si cette responsabilité nous incombe à chacun, la sensibilisation, la communication et le contrôle en matière sanitaire demeurent un devoir des services de l’Etat, qui en ont la compétence et les moyens humains et financiers. Je ne saurai laisser reposer les responsabilités de cette mission sur les seuls citoyens, même si chacun peut se positionner en acteur de la lutte contre cette épidémie », convient-il.
«Malgré la satisfaction pour le peuple saint-martinois d’avoir obtenu gain de cause, nous ne pouvons que nous interroger à nouveau sur la manière dont les services de l’Etat considèrent aujourd’hui les élus locaux de la République, et singulièrement ceux des outre-mer », déclare le président de la COM.