Serge Letchimy défend l'appel de Fort de France à Saint-Martin
Le président du conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy et le maire de Fort-de-France Didier Laguerre se sont rendus à Saint-Martin, la semaine dernière. L’occasion de longues discussions avec le président Louis Mussington et ses élus dans le cadre de la préparation des négociations portées par l’Appel de Fort-de-France.
« L’Appel de Fort-de-France est un acte politique majeur d’entrer en négociation avec l’Etat », a déclaré Serge Letchimy vendredi dernier lors d’une réunion à la Collectivité.
En mai dernier, les collectivités d’outre-mer lançaient l’Appel de Fort-de-France. Un cri face à l’urgence sociale, le sentiment d’abandon et la crise auquel sont confrontés ces territoires et les citoyens qui y vivent. Les sept territoires ultra-marins ayant signé l’Appel de Fort-de-France doivent désormais travailler ensemble pour s’entendre sur des points de négociations d’ici le printemps prochain.
Cette déclaration appelle les plus hautes consciences politiques des nations, en concertation avec le peuple et les forces vives à agir sans délai autour de trois axes forts.
En premier lieu, refonder la relation entre les territoires ultramarins et la République en définissant un nouveau cadre qui permettra la mise en œuvre de politiques publiques en fonction des réalités de chacune des régions respectives.
Ensuite, à conjuguer une égalité parfaite des droits avec une prise de conscience de la singularité de ces territoires d’outre-mer, notamment en rapprochant au plus près des territoires une réelle domiciliation des leviers de décision.
Enfin, instaurer une nouvelle politique économique fondée sur leurs atouts géostratégiques et écologiques.
L’Appel de Fort-de-France montre que les décisions ne peuvent plus être prises depuis l’hexagone. Cela traduit une évolution significative des relations entre la France et les territoires d’outre-mer, avec la prise en compte des spécificités de chacun pour la mise en œuvre des politiques publiques. «Nos territoires ont des réalités trop différentes. Les ressources et les pouvoirs législatifs doivent être partagés avec l’Etat, y compris sur les questions de souveraineté», a précisé Serge Letchimy.
Louis Mussington a fait valoir que « les réformes combinant la pleine égalité et la reconnaissance de l’unicité devraient conduire à un changement constitutionnel qui serait «une étape incontournable». «Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout et faire une différenciation de nos outre-mers. Nous aspirons tous à une évolution positive de nos institutions», a affirmé le président de la Collectivité de Saint-Martin.
Actuellement tous les territoires ultramarins sont différents juridiquement. En effet, selon le président Letchimy, «cette nouvelle relation à établir entre les pays d’outre-mer et l’Etat devra non seulement passer par un changement statuaire mais aussi des réformes aux niveaux alimentaires, énergétique ou encore économique».
« Le moment est venu de différencier nos statuts. L’Appel de Fort-de-France signifie plusieurs choses qui indiquent que nous sommes arrivés aux limites des possibilités accordées entre nos outre-mer et l’hexagone», a déclaré Serge Letchimy. «Ces relations doivent changer pour organiser le développement de nos territoires» convient-il.Un appel entendu par le président de la République, Emmanuel Macron lorsque les présidents des outre-mer avaient été reçus à l’Elysée en septembre dernier pour évoquer l’ensemble des enjeux économiques, sociaux et institutionnels actuels et futurs auxquels chaque territoire est confronté.
Tous ont plaidé pour la nécessité de nouvelles politiques économiques fondées sur leurs atouts géostratégiques et écologiques. Le président de la République s’est montré ouvert à la négociation qui doit s’ouvrir en 2023 entre les territoires ultramarins.
Dans cette optique, Serge Letchimy a annoncé «deux rendez-vous clés prochainement». La première réunion se tiendra lors du comité interministériel des territoires d’outre-mer (CIOM) courant avril/mai afin de discuter de tous les projets, modifications d’instances réglementaires, « qui pourront permettre de faire mieux avancer nos territoires ».
Le second rendez-vous porte sur la réforme constitutionnelle. « Il nous faut absolument être prêts car l’Etat se prépare également. Il ne faut pas laisser la main et la plume à l’Etat. C’est-à nous de prendre la main, celle de la pensée et de l’orientation » , soutient-il.
Enfin, le président du conseil exécutif de la Martinique rappelle que les territoires d’outre-mer sont différents et que ces structures politiques sont différentes. « Nous souhaitons le pouvoir normatif pour adapter nos modalités de construction. Notre différenciation doit se construire localement, car c’est le seul moyen d’empêcher nos pays de disparaitre un jour. La biodiversité est notre force ».