Les acteurs socio-professionnels ont exprimé leurs doléances au ministre des Outre-mer
Philippe Vigier, ministre délégué chargé des Outre-mer a terminé son premier déplacement sur le sol saint-martinois par une rencontre avec les acteurs socio-professionnels sur la relance de l’activité et les enjeux de diversification. Le rendez-vous a eu lieu au restaurant Coco Beach à la Baie Orientale mercredi.
Les échanges ont eu lieu autour d’une table ronde avec plusieurs invités, acteurs du tourisme, nautisme, monde économique etc. Le ministre et ses conseillers ont écouté attentivement les demandes et attentes des socio-professionnels. Plusieurs sujets ont été abordés, parmi lesquels l'amendement déposé par Jean-René Cazneuve, l'augmentation des finances, le tarif du carburant, la gendarmerie nautique, les sargasses etc.
Michel Vogel, président de la Fédération interprofessionnelle de la Collectivité de Saint-Martin (Fipcom) et représentant du mouvement des entreprises de France (Medef), a interrogé le ministre sur l’amendement porté par le rapporteur du budget, Jean-René Cazeneuve, dans le cadre du projet de la loi de finances 2024. Celui-ci «vise à supprimer des principaux dispositifs de défiscalisation qui soutiennent l’économie saint-martinoise, les logements meublés touristiques, la location de voiture et les chauffe-eaux solaires», précise Michel Vogel.
«L’amendement complique les données pour les petits territoires comme Saint-Martin», poursuit-il. En effet, selon lui, cet amendement vise à «supprimer le bénéfice de l’aide fiscale accordé sur les meublés touristiques (type Airbnb), la location de voitures touristiques, à l’exception de ceux strictement indispensables à l’exercice d’une activité agricole ou minière, ou exploités dans le cadre d’une activité de transport public de voyageurs, ou en faveur des biens destinés à la consommation des particuliers. Et la suppression d’aide fiscale pour les chauffe-eau solaires », expose le représentant de la Fipcom et du Medef au ministre.
Avant d’y répondre, Philippe Vigier fait état des dotations du gouvernement français en faveur des territoires ultramarins depuis ces «quinze dernières année », qu’il constate augmenter de façon «manifeste». Cela témoigne d’une volonté « de s’engager ». De plus, « la dette publique de la France s’établit à 3 000 milliards et nous avons fait le choix politique pour les ultramarins d’augmenter le budget des outre-mers de 7% en 2024 », déclare le ministre chargé des Outre-mer.
Par ailleurs, «il y a eu une étude par la section des finances intitulée, les niches fiscales. Dans chaque niche, il y a chien. La preuve c’est que tout le monde aboie», répond le ministre. Toutefois, dans ces niches fiscales, «tous les programmes d’investissements désficalisés des territoires d’outre-mer sont tous préservés, à l’exception de trois niches où il y a eu des dérives, mais elles ne sont pas supprimées», insiste Philippe Vigier.
Concernant les locations de véhicules, le ministre a noté des solutions «d’atterrissage» pour les «petit loueurs», elles sont à l’étude. Pour les chauffe-eau solaires, « 7 milliards supplémentaires » seront injectés dans le budget l’année prochaine afin d’assumer la transition énergétique, annonce le ministre.
Selon le ministre des Outre-mer, les trois niches fiscales exposés par Michel Vogel sont des «modifications». «Nous préserverons les outils de travail, nous renforcerons la transition énergétique, et nous renforcerons le soutien aux très petites entreprises (TPE) et aux petites et moyennes entreprises (PME). Nous mettons fin à certains abus», explique Philippe Vigier.
Jeanne Rogers-Vanterpool, présidente de la fédération des très petites entreprises (FTPE) a quant à elle interpellé le ministre au sujet des assurances sur le territoire. En effet, «les marchés publics des travaux publics commencent et il est difficile pour (nos) petits entrepreneurs d’obtenir une assurance décennale. C’est très compliqué », déplore-t-elle. Les sociétés de l’Hexagone ont la possibilité de demander un avenant pour travailler à Saint-Martin mais les entreprises saint-martinoises ne peuvent pas faire l’inverse. « Lorsque nous parlons de développement économique, il faut savoir à qui profite le crime », questionne la présidente de la fédération des très petites entreprises.
Dès lors, le ministre des Outre-mer invite la CCISM à négocier avec certains assureurs. De plus, il s’est engagé à se rendre auprès de la fédération française des assurances. «Ce qui se passe actuellement est scandaleux pour les décennales. J’ai conscience qu’il existe des risques et je m’engage à aller avoir le président », assure-t-il.Béatrice Wojcik, représentante de l’association Métimer et des professionnels du nautisme de l’île évoque plusieurs points au ministre. Notamment sur le tarif carburant et précisément sur la différence de prix avec la Martinique et la Guadeloupe. «Les professionnels martiniquais ou guadeloupéens paient le carburant 50% moins cher que nous», indique-t-elle. De ce fait, «il faut tirer la sonnette d’alarme sinon nous n’aurons plus personne sur l’eau et ça va être compliqué», prévient la représentante de Métimer.
Alain Richardson, vice-président de la collectivité précise que la part de la taxe perçue par la collectivité n’est pas celle qui existe en Guadeloupe ou ailleurs. « Elle représente moins de 12 centimes ». La représentante de Métimer a également tiré la sonnette d’alarme « sur le manque de moyens de [vos] services d’État, en faisant référence aux gendarmes nautiques à Saint-Martin ». « Ils n’ont qu’un seul bateau pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy, donc les contrôles peuvent être assez compliqués ». Le ministre a indiqué qu’il ferait « un état des lieux ».
Le sujet des sargasses a été abordé, ainsi que la zone de pêche limitée pour les pêcheurs de Saint-Martin « enclavée dans un petit confetti », la reconstruction de la marina d’Oyster Pond ou encore le projet de piscine. Concernant ce projet, le ministre rappelle que six millions d'euros de l’agence nationale du sport sont à la disposition de la collectivité. « L’État a fait sa part », répond le ministre des Outre-mer.
Béatrice Wojcik a aussi fait part du tarif aérien « prohibitif », tant pour les locaux que pour les touristes. « Un impact négatif sur notre économie. En tant que résident nous sommes pris en piège sur notre île et, même si elle est belle, il faut parfois la quitter », reconnait-elle. En ce sens, elle soumet l’idée d’étudier un «tarif unique au moins une fois par an afin d’assurer une continuité territoriale avec l’Hexagone et régionaux».
Enfin, Philippe Vigier adresse ce dernier message en réponse aux doléances des socio-professionnels. « Si vous avez des projets innovants, des formations innovantes, je peux faire en sorte de vous donner un coup de main avec le plan France 2030. Seuls 115 millions d'euros sur un potentiel de 54 milliards ont été dépensés dans les territoires ultramarins », déclare-t-il. « Nous accompagneront ces projets et nous mettrons des financements importants qui pourront monter à 50 voire 60% », a conclu le ministre délégué des Outre-mer.
Philippe Vigier s’est envolé dès le lendemain à Saint-Barthélemy, sa dernière visite prendra fin ce matin.