Coopération régionale : les COM françaises demandent plus de latitude pour prendre certaines décisions
Du 23 au 25 avril, Saint-Martin recevait pour la 1re fois la conférence de coopération régionale des Antilles-Guyane dédiée aux enjeux géopolitiques de l’ensemble du bassin caribéen et du plateau de Guyane. Présidents des Collectivités françaises, préfets et ambassadeurs français en poste dans la région, représentants des principales organisations de coopération de la Caraïbe (AEC, OECO, CARICOM) et de la Commission européenne, ont travaillé ensemble pour améliorer la coopération dans divers domaines.
La 17e CCRAG, présidée par Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée de l’outre-mer, a été officiellement ouverte par Louis Mussington.
Quatre grands axes étaient à l’ordre du jour : l’intégration régionale des collectivités françaises des Amériques, la sécurité globale pour les CFA et les coopérations avec leur environnement, les exportations et échanges commerciaux, les échanges culturels et linguistiques.
En préambule des travaux, les présidents des cinq collectivités françaises ont fait état de leurs problématiques et de leurs attentes. Des attentes parfois différentes en fonction des spécificités de chaque territoire, mais tous se sont accordés pour demander une plus grande latitude quant aux prises de décisions. « Aucun président de Collectivité ne peut signer un accord, même informel, avec un pays voisin », a déploré Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique, qui voit là « une infantilisation ». « Les lois imposent des contraintes qui nous font voir nos voisins comme des ennemis » selon Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane, qui s’adressant à la ministre a demandé à ce que le gouvernement desserre l’étau institutionnel.
Autre point commun, la continuité territoriale, que ce soit en termes de passagers ou de marchandises. Gabriel Serville s’est là aussi adressé directement à la ministre pour lui demander de casser la dynamique des compagnies aériennes et maritimes qui « font la pluie et le beau temps et sont défavorables aux territoires ultramarins ».
En matière d’écologie, le fléau des sargasses, pris à bras le corps depuis la conférence de 2019 par la région Guadeloupe, est en passe de devenir une cause internationale. C’est en tout cas ce que préconisent à la fois les Collectivités et le gouvernement qui vont poursuivre les actions de lobbying afin que le dossier soit très largement abordé lors de la prochaine conférence des Nations Unies sur l’océan en 2025.
L’unanimité a été faite sur le retour de la France au sein de la Banque de Développement des Caraïbes (BDC) comme stipulé dans la mesure N°11 du CIOM. Après ratification, cette participation au capital de la BDC va permettre de renforcer l’influence diplomatique de la France, mais surtout de pouvoir développer une stratégie financière avec les pays voisins.Les problèmes sécuritaires, dont l’augmentation inquiétante des trafics en tous genres, faisaient également partie des travaux sur lesquels une meilleure coopération doit être mise en place entre les collectivités, mais aussi avec les îles avoisinantes et les pays limitrophes pour la Guyane.
La conférence s’est achevée jeudi par l’intervention des organisations régionales (AEC, OECO, CARICOM), la conclusion de Roland Dubertrand, ambassadeur chargé de la coopération régionale et l’allocution du Préfet de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. La prochaine CCRAG aura lieu en 2025 en Martinique.