Compte de gestion 2023 : le débat fait débat.... ou pas
Les élus du conseil territorial étaient réunis jeudi en séance plénière pour voter notamment le compte de gestion 2023, une procédure obligatoire pour une collectivité. Le compte de gestion est un document réalisé et certifié par le comptable public, il retrace l’ensemble des dépenses et recettes de la collectivité.
Le résultat global s’élève à 42 millions d’euros, cela signifie que la COM a terminé l’exercice 2023 avec un excédent de 42 millions d’euros. Bien que le montant soit largement positif, les élus de la Team Gibbs ne s’en sont pas satisfaits. Selon eux, la COM affiche un déficit. «Les chiffres, on peut leur faire dire ce qu’on veut», a commenté Philippe Philidor. «Il faut regarder les chiffres de manière globale et pas parcellaire», lui a répondu le directeur général adjoint (DGA), Jean-Sébastien Gotin.
Selon les explications de la nouvelle comptable publique en poste à Saint-Martin, le montant de 42 millions d’euros apparaît «après imputation du résultat» de l’exercice 2022. Sans ce report, le résultat de l’exercice 2023 aurait été négatif. La comptable publique a validé un déficit de 45,4 millions d’euros en investissement et un bénéfice de 21 millions d’euros en fonctionnement, soit un déficit global de 24,28 millions d’euros. Mais grâce au report de l’excédent 2022, la COM clôture son compte positivement. Et c’est le résultat négatif sans le report qui a retenu l’attention de la Team Gibbs qui s’est interrogée sur les capacités financières futures de la COM.
Le leader de la Team a rappelé qu’il avait laissé «70 millions d’euros » dans les caisses de la COM destinés à financer plusieurs actions et chantiers. Une somme que Louis Mussington a confié avoir utilisée, «en la distribuant à la population qui était en souffrance ».Frantz Gumbs a regretté que son collègue Philidor (et adversaire aux élections législatives) fasse preuve de «communication politique» en s’adressant au public et non au président. Frantz Gumbs admet néanmoins qu’une question doit être posée, celle de savoir si les comptes de la COM sont sincères ou non. «Mais ce n’est pas à un expert de l’opposition de répondre», a-t-il précisé. Daniel Gibbs, lui, attend le rapport de la chambre territoriale des comptes sur le sujet.
Quant à la capacité financière de la Collectivité, Alain Richardson a indiqué qu’un emprunt sera sollicité pour financer «les travaux indispensables» au territoire. Et de commenter : «si la section investissement est en déficit, c’est bien que les travaux ont commencé». Selon le vice-président, «l’emprunt est un outil nécessaire pour une collectivité qui génère de la capacité de remboursement ».
Après quelque cinquante minutes de discussions sur le compte de gestion, Louis Mussington, le président de la COM, n’a plus souhaité donner la parole, notamment à Philippe Philidor qui l’avait demandée, car il estimait que le débat était clos et qu’ils «n’allaient pas passer la matinée sur le sujet». Il a déclaré qu’il aimerait aussi que les débats puissent être plus longs, que les élus puissent débattre du budget «une journée, voire deux ou trois s’il le fallait» mais que la configuration actuelle d’un conseil territorial l’en empêchait, faisant allusion «aux cinq minutes de prise de parole » accordées aux élus. Louis Mussington a confié qu’il profitait de chacun de ses déplacements à Paris pour convaincre le gouvernement de modifier la loi organique et ainsi ces règles de débat. «Cela n’a rien à voir avec la loi organique, il faut simplement changer le règlement intérieur du conseil territorial », lui ont rétorqué Daniel Gibbs et Jules Charville.
Le comportement du président a suscité l’indignation de l’ensemble des élus de l’opposition. Tour à tour pendant une dizaine de minutes, Alain Gros-Desormaux (Team Gibbs), Mélissa Rembotte (indépendante), Angeline Laurence et Jules Charville (Generation Hope) ont pris la parole pour exprimer leur désapprobation et le manque de respect du président à leur égard. « L’opposition est dans son rôle », a souligné Mélissa Rembotte. Aussi les sept conseillers ont-ils choisi de ne pas prendre part au vote. Le compte de gestion 2023 a été approuvé uniquement par les seize membres de la majorité.
Les élus ont aussi délibéré sur le compte administratif 2023. Après avoir répondu à deux questions de l'opposition, Louis Mussington s'est absenté quelques minutes et a laissé la présidence de la séance à Alain Richardson qui a clos les débats, bien que la Team Gibbs souhaitait encore poser une question. Le compte administratif a été adopté par les élus de la majorité, la Team Gibbs, n'a pas pris part au vote, Angeline Laurence, Jules Charville et Mélissa Rembotte se sont abstenus.