L’art comme rétablissement : le Living Muséum de Saint-Martin inauguré
C’est une première en France. Ce mercredi 18 décembre avait lieu l’inauguration du Living Muséum de Saint-Martin, un lieu de création et de contemplation où, des personnes qui combattent une situation personnelle difficile comme des maladies, des addictions, du stress, des traumatismes ou encore des environnements violents, peuvent s’essayer à la création artistique. À l’initiative de ce projet, Mélanie Dal Gobbo, cofondatrice et directrice d’Art For Sciences, une ONG qui défend les bienfaits de l’art sur le cerveau et la santé. En 2014, son mari Thomas, aujourd’hui décédé, se fait amputer de la moitié de son cerveau. « Au réveil, il avait triplé son espérance de vie mais avait perdu l’usage de la parole et la motricité fine de sa main droite. C’est à ce moment-là que l’on a découvert la plasticité cérébrale et combien l’art pouvait être un puissant stimulant. Après trois mois, il avait récupéré 90% de ses fonctions cognitives. Par la suite, nous avons créé Art For Sciences afin de porter ces messages clefs, dans les hôpitaux, les EHPAD et auprès des enfants » raconte-t-elle. Ce living Museum, le 42ème mondial, apparaissait donc comme la suite logique.
« Toutes les personnes sont bienvenues. L’idée est qu’elles cheminent, non pas avec des renforts médicamenteux, mais avec leur cerveau, sur un processus créatif, pour venir externaliser leurs peurs, leurs démons, leurs mauvais schémas et en créer de nouveaux » explique Mélanie Dal Gobbo. Un concept qui a déjà fait ses preuves, comme en témoignaient en visioconférence le Dr. Mitra Reyhani Ghadim, directrice Living Museum New York et Rose Ehemann, directrice Living Museum de Genève.
Le lieu ouvrira début janvier prochain, du lundi au jeudi de 8h30 à 19h et le samedi de 8h30 à 12h. À l’étage, toiles et peintures n’attendent que leurs prochains « artistes en devenir ». Le lieu, chaleureusement décoré, se veut pluridisciplinaire, avec des initiations aux sept arts majeurs, tels que le cinéma, le théâtre ou encore la musique. Le public sera accueilli par Alexia Carole ainsi que deux artistes, une poétesse et une comédienne, en résidences permanentes.
Le vendredi sera réservé aux associations et aux entreprises, comme par exemple la Croix-Rouge ou Les Apprentis d’Auteuil, partenaires du lieu. Des groupes de paroles, animés par des psychanalystes, seront également organisés, les deux prochains Ayant lieu le 25 janvier et le 8 février.
Situé dans la zone d’activités d’Hope Estate, ce tiers-lieu se place volontairement en dehors des quartiers prioritaires. « Nous avons fait le choix d’un endroit neutre et externalisé. On s’est chargé de mettre en place une navette de sept places pour faire des tournées, aller vers les personnes pour leur parler, les amener au living Museum et les sortir de ce qu’ils connaissent déjà » se réjouit Mélanie Dal Gobbo. « À Saint-Martin, l’art est très présent, avec un réel enthousiasme culturel. Il est partout mais en même temps nulle part, car il existe peu de lieux d’expression artistique officiels. Le Living Museum sera ce lieu d’expression, ce lieu d’accueil pour les publics en difficulté avec des problématiques variées », conclut le préfet Vincent Berton, avant de couper le ruban qui officialise l’inauguration de ce lieu inédit.