Success story saint-martinoise
«J’ai décidé petit que je serais quelqu’un dans la vie» se souvient Francis Luis Frias. Mécanicien et réparateur de matériel hydraulique, le jeune homme âgé de 29 ans est auto-entrepreneur depuis janvier 2015. Comme la mécanique, l’hydraulique «remplace tous les efforts que l’être humain ne peut pas faire» explique-t-il. On en trouve dans les directions assistées, les câbles des grues,... Le gérant d’Hydromec intervient alors aussi bien sur poids lourds que sur bateaux.
Titulaire d’une CAP/BEP en mécanique auto et d’un Bac Pro en maintenance nautique obtenus au lycée polyvalent, il apprend le reste sur le tas. Ses connaissances en hydraulique sont le fruit de son labeur. A Saint-Martin, aucune formation n’est dispensée en la matière.
Issu d’une famille modeste venue de Saint-Domingue à la recherche d’une vie meilleure, Francis est né à Saint-Martin et a grandi à Quartier d’Orléans. Il parle espagnol à la maison, français à l’école, anglais dans la rue, comme beaucoup d’autres Saint-martinois. «En trois mois d’été j’oubliais tout mon français alors j’avais quelques difficultés à l’école. Mais ma mère m’a toujours beaucoup poussé» raconte-t-il pour expliquer sa réussite.
LA TRANSMISSION COMME FORMATION
Salarié entre 2006 et 2015, il alterne les contrats entre deux entreprises situées chacune d’un côté de l’île. Certes mieux payé en partie hollandaise, il ne bénéficie pas de la confiance de son employeur. «Je travaillais plus que tout le monde, je voulais des diplômes pour prouver mes compétences, mais il refusait de me financer des formations». Il apprend donc tous les secrets de l’hydraulique en lisant des cours. «Je ne voulais pas rester médiocre» assure-t-il. Contrairement à son homologue à Sint Marteen, où chaque tâche est répartie, la petite entreprise côté français l’oblige à développer autonomie et polyvalence et il est formé par son employeur.
Après avoir bossé pour les autres, il décide de créer sa boîte. Aidé d’un expert comptable, il monte un dossier. Il rejoint ensuite Initiative Saint-Martin Active qui l’aide à finaliser son projet. Même s’il lui a fallu près de trois ans pour le concrétiser, Francis n’a aucun regret. Comme tout entrepreneur qui débute, il ne compte pas ses heures et travaille au moins six jours sur sept. Il intervient des deux côtés de l’île. «Ce qui est difficile avec les bateaux, analyse-t-il, c’est qu’il y a une saison ». Résultat, en haute saison tout le monde l’appelle en même temps. Il essaie de recruter depuis plusieurs mois, mais personne n’a répondu à ses annonces. Il y a si peu de main d'oeuvre qualifiée qu'il n'a toujours pas été remplacé dans les deux entreprises qu'il a quittées. Ce qui lui permet d'être sous-traitant de la boîte française. Il aimerait aussi former un apprenti, n’importe qui de motivé qui ait au moins des connaissances en mécanique. Faute de formation qualifiante en hydraulique sur l’île, Francis mise sur la transmission.