Quand l’alcool et la violence mènent devant le tribunal
«Il a fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois afin de comprendre ce qu’il s'était passé» déclare l’avocat d’un des plaignants. C’est effectivement l’impression générale qui ressort de cette affaire traitée par le tribunal de proximité de Saint-Martin jeudi 23 janvier. Les faits remontent au 20 juin 2022.
Cinq hommes passent la soirée dans un bar en partie française. Parmi lesquels, les trois prévenus (LE, gérant de société, PD, pompiste et S.GJ, DJ) et les deux victimes, également des hommes (MD et RA). Si plusieurs versions émergent lors du procès, une est privilégiée : RA, alcoolisé, aurait eu un geste déplacé envers une femme qui était une proche d'un des accusés.
Le ton est alors monté et les hommes en sont venus aux mains. PD fait sortir RA de l’établissement. MD, l'autre victime, veut le rejoindre pour comprendre ce qui se passe mais est emporté par un mouvement de foule. Il se fait frapper à de multiples reprises, notamment au visage. Il porte plainte dans les jours qui suivent l’altercation. RA, lui, mettra un mois pour déposer plainte. Le jour du procès, les deux hommes victimes sont absents.
«Tout le monde avait bu» admettent les accusées. Un « argument » repris par l’avocate de PD, Marion Tillard : «Il ne s’agit ni plus ni moins d’une rixe lors d’une soirée saint-martinoise. Ce dossier aurait pu ne jamais venir devant ce tribunal si monsieur MD, le plus blessé, n’avait pas porté plainte. (…) Cette histoire est trop peu claire pour affirmer les culpabilités de chacun», estime le conseil.
Certains éléments de l’histoire restent encore flous, comme celui de la présence ou non d’un couteau lors de l’altercation, par contre, les mis en cause ne démentent pas avoir porté des coups. Ce n’est pas la première fois que les trois hommes passent sur le banc des accusés. Ceux-ci ont déjà été condamnés pour des délits tels que conduite sans permis ou encore recel.
«Une chose est sûre : tout le monde est alcoolisé, accusés comme plaignants. (…) Peu importe qui a frappé, ils sont en réunion. (…) Si les femmes devaient taper tous les hommes qui les embêtent, vous auriez tous des têtes abîmées», conclut la procureure de la République.
Pour les faits qui leur sont reprochés, cette dernière demande six mois d’emprisonnement avec sursis pour SGJ et LE Dans le cas où PD ne serait plus éligible au sursis, celui-ci devrait payer 180 jours-amende à hauteur de 5 euros. PC qui se constitue partie-civile demande 2000 euros pour le préjudice matériel, 2000 euros pour le préjudice moral et 1000 euros pour les frais d’hôpitaux. Le jugement a été mis en délibéré, il sera rendu le 6 mars.