21.03.2025

Un homme est accusé de violences sexuelles sur son ex compagne

Le tribunal de proximité de Saint-Martin a examiné jeudi une affaire d’agressions sexuelles, plus précisément de viols conjugaux d’un mari sur sa femme. Le 8 février 2023, la gendarmerie reçoit la plainte de madame A. Dans sa déclaration contre monsieur L.J, la mère de famille soumet avoir peur pour sa vie et celle de ses quatre enfants.

En plus des violences, des humiliations et des insultes qu’elle subit, elle rapporte de fréquents rapports sexuels forcés. Elle déclare avoir fui le foyer une première fois en 2022 avant de le quitter définitivement le jour de son dépôt de plainte. La femme vit actuellement sans ses enfants, restés chez leur père. 
 «Comment vous expliquez qu’elle soit aussi précise à propos des scènes qu’elle rapporte ? » demande maître Surya Petit au prévenu après la lecture de quelques passages de la déposition de la plaignante. Durant toute la durée du procès, le prévenu, agent de sécurité originaire d’Haïti, dément les faits de viols. «C’est faux ! Je sais qu’en France quand c’est non, c’est non. Ce sont les coutumes françaises et Haïti a été colonisée par la France» se défend-il.

Au commencement de sa plaidoirie, l’avocate de la victime choisit de lire un extrait du guide de la bonne épouse, où sont relatés les devoirs et engagements sexuels qu’une femme doit avoir envers son époux. «L’ouvrage est sorti en 1960, mais quand j’entends les propos de monsieur, j’ai l’impression d’être encore à cette époque. Dans sa déposition, il a déclaré « le corps de ma femme, c’est le mien» s’insurge-t-elle. Si l’homme ne présente pas de casier judiciaire, son ancienne compagne avait cependant déjà porté plainte contre lui pour violences mais ce dernier avait été relaxé. 


«Je ne savais pas que, quand on était marié, on pouvait être violée» admet la plaignante qui explique avoir pu mettre des mots sur ce qu’elle vivait lors d’une conférence à la CCISM sur les violences conjugales. Vue par un professionnel de santé, elle présente un état de stress post-traumatique ainsi que de dépression et des troubles du sommeil.

Un avis contesté par l’avocate de la défense, Marion Tilliard, qui comparera ses symptômes à ceux de l’hyperthyroïdie dont souffre la victime. Une fois de plus, l’accusé niera toutes violences, déclarant n’avoir pas eu de rapports sexuels avec A depuis 2020, l’année où il a découvert l’existence de son amant.

Pendant l'audience, les relations extraconjugales des deux ex-compagnons aux 13 ans de vie commune sont exposées. Autre sujet marquant du procès, celui de l’église, très au centre de leur relation. «C’est le devoir de la femme» aurait déclaré leur pasteur à A.

Le procureur n'a pas requis de peine à l'encontre du prévenu.  «Je me rapporte à votre décision [celle du juge, ndlr], l’audience n’ayant pas pu caractériser les faits. En effet, la vision de monsieur n’est pas loin des années 1960 mais pour autant l’a-t-il fait ? N’est-il pas juste un mari désagréable ? » a-t-il déclaré au tribunal. Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 17 avril, à 8h30.

Cyrile POCREAU