Incendie à la marina Royale : une lettre ouverte à l’État comme énième cri d’appel des commerçants
« À travers les flammes, c'est un cri ancien qui ressurgit : celui d'un territoire qui alerte, sans relâche, mais qui ne semble pas être entendu à la hauteur du danger. (…) Car ce qui brûle aujourd'hui à Saint-Martin, c'est bien plus qu'un bâtiment. C'est une frontière invisible entre la République et l'oubli » écrit Yann Lecam, président de l'Association des Entrepreneurs de la Capitale (AEC), dans une lettre ouverte adressée ce lundi à l’État.
Suite à l’incendie qui a frappé deux commerces, Bubble Shop et la Main à la Pâte, de la marina Royale ce samedi 19 avril, cette lettre ouverte a été rédigée à l’intention des ministres de l'Intérieur et des Outre-Mer ainsi qu’aux acteurs de Saint-Martin, comme le préfet, le président de la Collectivité ou encore la Présidente de la CCISM.
Un événement qui refait surgir les problématiques de sécurité et d'entretien de cette partie de l’île. «Cela fait des mois qu’on alerte et voilà ce qui arrive» se désole Yann Lecam. Face à une série de braquages survenus en début d'année, les commerçants de Marigot, organisés autour de l'Association des Entrepreneurs de la Capitale (AEC), avaient déjà effectué une marche afin de mettre en avant certaines réclamations.
Parmi celles-ci, un comité de pilotage chargé de suivre les travaux de sécurisation, d'éclairage et d'entretien de la marina Royale, une délégation de service public structurée pour redonner une gouvernance claire et efficace ainsi qu’un plan global de relance du centre-ville.
«Nous avons été écoutés, mais, disons-le avec franchise : nous n'avons pas été entendus. Nous avons eu des échanges, des réunions, des intentions. Mais pas de réponse à la mesure du réel. Et le réel, c'est un bâtiment en feu. Le réel, c'est la peur qui revient. Le réel, c'est le sentiment, grandissant, que la République protège moins bien ici qu'ailleurs. L'État doit reprendre la main. Il ne s'agit pas d'un simple fait divers. Il s'agit de la fragilité de l'ordre public, de l'abandon perçu d'un espace économique vital, et de la progression lente mais certaine d'un sentiment d'impunité et de délaissement» écrit Yann Lecam avant de souligner que «le temps n'est plus aux diagnostics, mais à l'action ».
Ainsi le président de l’AEC annonce la présentation dans les jours qui arrivent de deux projets structurants portés par les adhérents. «Ces projets, concrets et prêts à être lancés, sont le fruit d'un travail collectif d'acteurs locaux engagés. Ils s'inscrivent dans la perspective d'un partenariat avec les institutions et démontrent que la société civile est prête à prendre sa part dans la reconstruction de Marigot » conclut-il. Mardi après-midi, le commerçant a rendez-vous au sein de la préfecture afin d’y effectuer une réunion d’urgence sur la problématique de cet incendie.