Le MOCSAM promet une vision d’ensemble du territoire
Pourquoi passer d’un mouvement citoyen (Mocsam) à un parti politique ?
Suite à un constat d’échec. Nous avons perdu beaucoup de temps et d’énergie à tenter d’infléchir des décisions déjà prises malgré les outils à notre disposition (tribunal). Des mesures longues et coûteuses… Comme lors de notre combat contre la taxe routière par exemple, qui n’est finalement toujours pas appliquée. Nous avons réalisé qu’il était plus intéressant pour nous, pour Saint-Martin et pour la population, de dépenser cette énergie non pas pour combattre, mais pour construire. En mai 2015, nous avons alors décidé au cours d’une AG extraordinaire, de passer d’une association apolitique, à la politique.
Les élections sont en mars. Plusieurs des mesures que vous proposez sont consultables sur votre site. Quand comptez-vous divulguer votre programme et votre liste ?
Nous n’avons pas publié notre programme, volontairement. Notamment les mesures fiscales et économiques que nous prévoyons, afin de ne pas faire l’objet de copier/coller. Mais il sera disponible sur le site à partir de mi ou fin janvier 2017. Quant à la liste, nous considérons qu’au-delà d’une personne ou d’une tête de liste, ce qui compte c’est notre projet de société. Il ne s’agit pas d’une histoire d’homme ou de femme. Et puis on ne s’auto-désigne pas tête de liste. Il faut une réflexion collective. Nous dévoilerons notre tête de liste entre fin novembre et début décembre.
Vous semblez attachés aux principes de la démocratie participative ?
La démocratie participative, c’est le fondement de tout. Les décisions et les orientations doivent être prises en concertation avec la population. C’est pourquoi nous souhaitons passer de six conseils de quartier à quatre. Il faut redécouper car diffus, ils n’ont pas l’importance qu’ils devraient avoir. Selon nous, leurs représentants doivent être élus et non désignés comme c’est le cas aujourd’hui. Et nous aimerions qu’ils ne soient plus que six par quartier, afin d’éviter qu’ils se découragent. Mais surtout, leur donner des moyens matériels et humains, pour mieux s’impliquer dans la vie du quartier, entretien et nettoyage des plages par exemple, mise en place de toilettes publiques etc. On ne peut pas prétendre être une destination touristique et manquer de service public. Qu’y-a-t-il de compliqué à créer des WC publics?
Quand vous dites « leur donner des moyens », vous comptez faire comment ?
Le principe réside dans la création d’un établissement public « District Council » avec un directeur et une administration pour desservir les quatre conseils. Ils auront ainsi une personnalité morale et seront plus autonomes avec une ligne budgétaire ventilée. Trois membres de chaque conseil siègeront au sein du conseil d’administration de l’établissement « District Council » et éliront un président en leur sein. Bien sûr, la question du financement se posera et nous y répondrons en temps voulu avec les réformes fiscales que nous proposerons.
C’est plutôt ambitieux de se présenter en proposant d’augmenter certains impôts… Vous n’avez pas peur que cela vous rende impopulaire ?
Nous pensons qu’il faut être sincère. Cela ne sert à rien de faire miroiter des merveilles à la population tout en sachant que l’on fera exactement le contraire une fois élu. L’argent ne tombe pas du ciel. Si la COM peut dépenser 1€ c’est parce que quelqu’un a contribué. Rien n’est gratuit dans la vie. Il faut être franc. Mais ce que nous proposerons n’est pas pour ainsi dire une augmentation des impôts mais plus une mutation, car il y aura des disparitions de certaines taxes, des diminutions, des créations et un gros effort sur la taxation indirecte, on n’aura pas d’autre choix. Sinon ça s’appelle de la démagogie. C’est duper et non servir.
Qui vous inspire (écrivain, idéologue..) ?
Je n’admire pas un penseur en particulier mais je m’inspire de chaque situation, dans le sens où il y a toujours quelque chose à en tirer. Je m’intéresse à tout et n’ai pas d’a priori sur les métiers. On peut faire n’importe quoi à condition de le vouloir et de le faire correctement. Je suis formé en informatique et en électronique mais cela ne m’a pas empêché de faire de l’agriculture. Je lis aussi beaucoup d’articles scientifiques.
Politiquement parlant, où se situe le MOCSAM ? Au centre-gauche ?
Nous sommes social-démocrates, donc oui au centre. Nous sommes conscients qu’une politique sociale ne peut se faire sans politique économique. Et n’avons aucun problème à venir en aide à ceux qui sont en difficulté. L’assistanat doit être un état provisoire et tout doit être fait pour un retour à l’activité des personnes. Nous comptons d’ailleurs porter une réforme du RSA, qui doit être vu comme un investissement en l’avenir et non juste une charge de la société. Il doit s’agir d’améliorer l’employabilité des uns et créer des vocations chez les autres afin d’être mieux armés pour affronter le marché du travail !
Quelle vision avez-vous pour Saint-Martin ? Existe-t-il un modèle dans la Caraïbe ou le monde duquel s’inspirer ?
Je ne pense pas qu’il y ait de territoire parfait. Il faut faire évoluer Saint-Martin, avec la population, en fonction des besoins. Demain, j’aimerais voir le territoire s’épanouir et rayonner dans son environnement caribéen. Que l’on puisse produire une valeur ajoutée sur l’île. Je ne parle pas de production de masse. Mais l’idée est de couvrir nos besoins à nous. Jusqu’à présent il n’y a pas eu de vision d’ensemble. Il faut équilibrer le territoire. Nous sommes conscients de l’importance de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme qu’il faut renforcer… mais il faut aussi développer des activités complémentaires : l’agriculture, l’artisanat d’art… Pour l’instant les quelques agriculteurs sont découragés parce que leur travail ne génère pas assez de revenus. L’alternative est d’encourager la création d’associations et de coopératives. L’un des avantages de Saint-Martin est d’avoir accès à des fonds européens.
Certains critiquent le statut européen de Saint-Martin. Qu’en pensez-vous ?
Le statut européen est un outil au service du développement. Nous proposons de commencer par définir ensemble un projet de société pour les prochaines quinze à vingt années – la population sera consultée via les conseils de quartier. Cela nous permettra déjà de mesurer quels seront les moyens nécessaires. Puis, si besoin nous changerons de statut. Mais on ne peut pas aujourd’hui changer d’outil sans savoir ce qu’on veut en faire.