Les Archives territoriales récupèrent huit registres paroissiaux du XVIIIe siècle
A l’occasion d’un inventaire des archives de l’Evêché de Guadeloupe, des registres paroissiaux de Saint-Martin ont été identifiés. Monseigneur Riocreux, évêque de Guadeloupe a ainsi restitué les huit documents à Saint-Martin vendredi 11 novembre, lors de la céméronie du Saint-Martin's Day. Ils couvrent une période allant de 1769 à 1794. Beaucoup nécessiteront des restaurations d’envergure avant de pouvoir être accessibles au public. Les dégradations constatées à ce jour sont dues, notamment, à un incendie duquel ces registres ont pu échapper. Ecrits à Saint-Martin par les prêtres catholiques de la paroisse, ces documents étaient conservés à Marigot jusqu’aux années 1970. Pour des raisons de conservation, et, vu leur état avancé de dégradation, ils ont alors été transférés à l’Evêché de Guadeloupe qui offrait, à ce moment, de meilleures conditions de conservation. La législation actuelle oblige la conservation des registres paroissiaux au sein d’un service public d’archives. Les registres paroissiaux vont être conservés désormais aux Archives territoriales de Saint-Martin.
Ces registres, dits paroissiaux, étaient tenus par les prêtres des paroisses jusqu’à la Révolution française : ils consignent les actes de baptêmes, mariages et de sépultures, dispensés par les religieux catholiques. Sous l’Ancien Régime, ils sont l'équivalent de nos actuels registres d’état civil. Dans un premier temps, les actes des registres d’état civil sont une preuve de citoyenneté et de filiation pour chaque citoyen, source de génération de droits, notamment à succession.
Ces documents ont été produits avant la première abolition de l’esclavage (4 février 1794), ils ont acquis une valeur historique inestimable. Les termes employés sont ceux du XVIIIe siècle. Les registres paroissiaux restitués témoignent de la structuration de la société de cette époque : catholiques et non catholiques, blancs et gens de couleur, esclaves et libres, selon les termes d’alors.
Rédigés entre 1769 et 1794, ces actes font redécouvrir des histoires individuelles et familiales. Ainsi, Julie, esclave de l’Anguille qui est baptisée le 19 octobre 1773 en même temps que Jean-Henry, « nègre libre ». Charles Lorié, capitaine de vaisseaux, sera inhumé à Saint-Martin à l’âge de 45 ans le 18 septembre 1773 : il venait de Marseille. L’église catholique de Marigot s’appelait en 1784 Notre Dame de l’Assomption. Non catholiques, Georges Smagg et Elisabeth Howell viennent faire enregistrer leur mariage célébré « à la partie hollandaise » auprès du prêtre le 12 octobre 1792. Et encore beaucoup de noms qui résonnent encore aujourd’hui dans l’île et d’autres qui ont disparu.
Le contexte historique
Au XVIe siècle, François Ier, roi de France de 1515 à 1547, impose par l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) la tenue de registres, consignant, en français, les baptêmes, par les curés des paroisses. Ces registres devaient être déposés chaque année à l’équivalent du tribunal d’alors (baillage ou sénéchaussée). Quarante ans plus tard, en 1579, l’ordonnance de Blois étend cette obligation d’enregistrement aux mariages et aux décès. C’est le 20 septembre 1792, en pleine Révolution française, que l’Assemblée nationale retire au clergé, et donc aux prêtres catholiques, la tenue des registres paroissiaux pour confier au maire la tenue et la conservation de l’Etat-Civil, compétence toujours exercée de nos jours.