Manque de compétences et sureffectif des agents de la COM relève la chambre territoriale des comptes

Une «évolution des services subie plutôt que pilotée», la chambre territoriale des comptes de Saint-Martin est on ne peut plus claire. Celle-ci constate que les ressources humaines ont été mal gérées, dès le temps de la commune, ce qui a généré un manque de compétences des agents, ayant eu pour conséquence «une inefficience des services» les années suivantes.

L'effectif de la direction des finances équivaut à celui d'une ville de 200 000 habitants

La chambre relève que du temps de la commune, il existait déjà un sureffectif et un sous-encadrement. En 2006 alors qu’elle compte 35 690 habitants, elle est organisée comme «une commune de 10 000 habitants» avec 588 agents. «L’effectif des agents était injustifié au regard des missions qu’exerçait la commune», commente la chambre des comptes. Et de détailler sa pensée en citant des exemples : «207 agents étaient affectés à l’entretien de 16 écoles, comprenant au total 170 classes, ce qui représente plus d’un agent par classe. À titre de comparaison, à la même époque, une commune disposant de 58 écoles, soit au total 638 classes, affectait en moyenne 300 agents pour leur entretien, soit moins d’un demi-agent par classe (…) La direction des finances comprenait 13 agents, l’équivalent de l’effectif d’une direction des finances d’une ville de 200 000 habitants.»

La CTC remet aussi en question le fonctionnement de la bibliothèque et de la police territoriale : la première compte 18 agents «alors que la commune ne connaissait pas sa fréquentation ni le nombre d’ouvrages prêtés» ; la seconde comptait 45 agents «alors qu’elle ne fonctionnait pas 24 heures sur 24 ni sept jours sur sept». La CTC s’interroge aussi sur le rôle et la mission des sept agents dédiés au service des relations publiques, des sept agents de l’office de tourisme «pour renseigner les touristes» ainsi que sur celui des douze agents, «sans formation dans le domaine, au centre communal d’action sociale, alors que la compétence était exercée par le conseil général de la Guadeloupe».

Un mauvais redéploiement des cadres après le changement de statut

La chambre territoriale des comptes estime qu’avec le changement de statut, Saint-Martin avait besoin de nouvelles compétences, l’autonomie ayant conduit à exercer 38 nouveaux métiers, dont certains devaient être confiés à des cadres de catégorie A «si possible expérimentés». La CTC admet que «chaque grand secteur d’intervention doit être piloté par un cadre à fort potentiel et de haut niveau dans son domaine de compétences». Or «l’augmentation du nombre de cadres a été très lente», constate la CTC. «Eu égard aux nouvelles compétences exercées, le taux d’encadrement demeure faible, d’à peine 20 %, même s’il s’est amélioré». La chambre a observé une mauvaise réorganisation et redéploiement des agents à des postes auxquels ils ont été formés qu’à partir de 2011. Alors que la COM aurait pu, selon la CTC, profiter du transfert de compétences pour limiter son effectif d’agents de catégorie C car elle était en mesure de pourvoir des postes en les redéployant, elle a préféré recruter 175 nouveaux agents entre 2009 et 2015, «soit de 30 % de l’effectif de 2007 dans cette catégorie, sans relation avec les besoins de l’administration».