Alain Richardson invite les élus à démissionner, Daniel Gibbs dénonce sa "méthode anarchiste"
Suite à la décision du conseil constitutionnel, Alain Richardson a envoyé un courrier aux élus en place les invitant à démissionner. Après leur avoir fait part de son interprétation de la décision – «Cette décision affirme clairement que les intérêts financiers de l’Etat priment sur ceux de la Nation, la Nation c’est la population, ce sont les collectivités locales et territoriales de la République, c’est donc aussi Saint-Martin», il les appelle «au seul acte à la hauteur de la gravité et des conséquences catastrophiques que ce déni de droit emportera sur notre territoire, la démission collective et concertée de tous les élus de leur mandat».
«Devant un tel déni de droit, un tel déni de justice constitutionnelle, devant l’expression si éhontée de la prévalence et la primauté des intérêts financiers de l’Etat au détriment du droit constitutionnel, Mesdames, Messieurs les élus parlementaires et territoriaux, l’heure ne doit pas être à l’émotion stérile ni à des affirmations de déception et d’impuissance. Je vous invite à vous montrer digne de la tâche et de la mission qui devraient être les vôtres», estime-t-il.
«Cet acte aussi extrême qu’il pourra vous paraître est le seul capable de faire valoir les intérêts propres de Saint-Martin au sein de la République. Vous sortirez grandis, par un tel acte politique et de sacrifice personnel. Mais surtout, l’onde de choc d’un tel acte obligera l’Etat Français à reconsidérer son refus de compenser justement les transferts de charges et l’urgente nécessité de la mise en place d’un plan de rattrapage des retards structurels de notre territoire», poursuit-il.
Lire le courrier envoyé aux élus par Alain Richardson :
LA RÉPONSE DE DANIEL GIBBS
A ce courrier, le député et leader de l'opposition Daniel Gibbs a répondu. «Si je partage votre sentiment d’injustice au vu de la situation, je ne partage ni votre méthode anarchiste et encore moins votre appel à la démission collective des élus territoriaux et des parlementaires afin de faire pression sur l’Etat», a répondu Daniel Gibbs. Et de considérer que «l’urgence et l’importance de la situation nous imposent d’être des fils de Saint-Martin à la hauteur des enjeux, en restant calmes et en déployant une véritable stratégie concertée de toutes les forces saint-martinoises, afin de faire gagner Saint-Martin et l’intérêt général. Or, Monsieur Richardson, toutes vos agitations ne feront que précipiter Saint-Martin au plus bas dans les limbes des territoires « entièrement à part » de la République française, pour citer Aimé Césaire ».
Dans sa réponse, le leader de l’opposition confie qu’il «préfère [se] placer dans une logique d’action concrète et concertée, car [il croit] en l’Etat de droit et à l’unité trans-partisane dès lors qu’il s’agit de l’intérêt suprême de Saint-Martin ». Il indique aussi avoir demandé une audience auprès du ministre des Finances et des comptes publics, Michel Sapin, et auprès de conseillers spéciaux à l’Elysée, afin de discuter de ce dossier. Audience à laquelle il invitera officiellement le sénateur Guillaume Arnell ainsi que la présidente de la Collectivité, Aline Hanson.