La pêche, une filière réglementée
A Saint-Martin, les Affaires maritimes ont recensé fin 2015 douze navires de pêche pour treize marins pêcheurs dûment déclarés. La plupart pêche au casier - sauf les espèces particulières - et sur de petits navires appelés saintoises. Comme en témoignent les étals du marché de Marigot, ou les cartes de restaurateurs locaux, ils pêchent le vivaneau, la dorade coryphène (mahi mahi), la langouste (royale et brésilienne), le lambi, le thon rouge et jaune, la bonite, le colas, lethazard… Une fois débarquées, toutes les espèces reconnues sont vendues en tant que telles, et les autres en vrac, « au casier ».
Dans le cadre de la préservation des ressources, certains poissons et crustacés doivent dépasser une certaine taille, preuve qu’ils ont atteint une certain degré de maturité et donc qu’ils se sont déjà reproduits. Par exemple, les langoustes royales doivent dépasser 21cm (de la pointe du rostre à l'extrêmité de la queue) et les langoustes brésiliennes 14 cm. Le lambi, incontournable de la cuisine créole, bénéficie d’une protection particulière : il est interdit à la pêche sur les îles du Nord entre le 1er avril et le 31 août.
Il existe par ailleurs des espèces vénéneuses qui sont en toute logique interdites à la pêche et à la vente. Notamment parce qu’elles peuvent provoquer la ciguatera, une intoxication liée à l’ingestion de poissons tropicaux associés aux récifs coralliens dont les conséquences pour l’homme sont décrites sur le site de la Préfecture de la Guadeloupe.
La pêche est strictement réglementée, dans toute la zone délimitée par la Réserve naturelle et le Conservatoire du littoral, soit du Rocher créole à Oyster Pond – exceptée la Baie orientale et l'intérieur de la baie de Cul de Sac.
CONTRÔLER, POUR PROTEGER
Le contrôle réglementaire est réalisé sur place par les agents des services d’intervention, appartenant à la brigade nautique de la gendarmerie et aux gardes-côtes (douane maritime). Les agents de la Réserve naturelle ont également compétence en matière de contrôle de la pêche dans les limites de la réserve. Lors de la campagne de contrôles "Polpêche" effectuée sur les îles du Nord entre le 16 et le 22 janvier dernier, plusieurs dizaines de navires et d’établissement professionnels ont été contrôlés en mer et sur terre. Quinze infractions ont été constatées : pêcheurs non professionnels, pêches non conformes ou interdites suivant l'origine du pavillon et les produits pêchés, non respect des règles d'hygiène, non respect des tailles minimales, absence de traçabilité…«Au delà du respect de la règlementation environnementale et relative au code rural et de la pêche, les contrôles servent à diminuer la pression qui s'exerce sur les pêcheurs saint martinois et à préserver la ressource» assure Michael Wery, le représentant du Directeur de la mer à Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Au delà de cette campagne, les contrôles aléatoires se poursuivent avec par exemple très récemment, un cas de flagrant délit constaté de pêche aux casiers dans nos eaux par un navire de plaisance battant pavillon étranger.
De même que le nombre officiel de pêcheurs diffère du nombre de pêcheurs potentiels (non déclarés + étrangers), «il est actuellement difficile de quantifier le volume des prises» confie Michael Wery. Avant d'ajouter : «L’Etat, la COM et la CCI travaillent en collaboration avec les pêcheurs professionnels à l'organisation de la filière autour de projets structurants. Organiser la filière pêche doit permettre d'améliorer notre connaissance de la pratique locale de la pêche, mais aussi d'aider les pêcheurs à moderniser leur outil de travail, ainsi que développer l’emploi.»
Les espèces susceptibles de transmettre la ciguatera :