Daniel Gibbs critique « les intellectuels sur une chaise longue »
Mercredi en fin d’après-midi, Daniel Gibbs avait invité la presse en présence d’une quarantaine de ses proches politiques pour dresser le bilan de ses quatre années en tant que député. Un exercice auquel il s’était déjà livré l’an passé et qui sera le dernier pour lui en raison des différentes échéances électorales de 2017 (territoriales en mars, présidentielle en avril/mai et législative en juin). Si jusqu’alors Daniel Gibbs s’était contenté d’énumérer pêle-mêle ses actions, ses participations aux différentes commissions et réunions aux ministères parisiens, interventions au perchoir, etc., mercredi soir, il a évolué dans sa façon de parler. Il a mis en avant ses qualités et ses convictions et montré comment celles-ci l’ont servi dans son parcours au palais Bourbon.
Il a ainsi voulu témoigner à l’assistance d’un esprit combatif. «Jeune parlementaire, ultramarin, dans l’opposition… Je suis un cumulard des handicaps», dit-il. «Mais ceux qui me connaissent le savent, il suffit de me dire que c’est impossible pour que j’y aille». Et de citer certaines de ses actions : «faire en sorte que le pacte de responsabilité soit décliné à l’outre-mer (D. Gibbs a co-rédigé un rapport en ce sens avec un député PS de la Réunion Jean-Claude Fruteau, NDLR) ; la réalisation d’une mission d’information parlementaire sur Saint-Martin». Siéger à la commission des lois de l’Assemblée nationale était en outre «un point d’honneur». Et c’est aussi pour cela qu’il déplore «de ne pas parvenir travailler la Collectivité». «Mais je ne fais pas le procès de la majorité actuelle», assure-t-il. «Cette double casquette, celle de député et d’opposition, est inconfortable», comprend-il tout en regrettant que «la COM n’a pas compris le rôle d’un député».
LUTTER CONTRE LES CLICHÉS DONT EST VICTIME SAINT-MARTIN
Le dénominateur commun à ses interventions, confie-t-il, est de «faire comprendre et faire respecter les spécificités de Saint-Martin», ce qui est «difficile». A Paris, «notre collectivité était victime de clichés et d’improbables fantasmes», constate-t-il. Aussi «lutter contre ces clichés et ces fantasmes a-t-il occupé une grande partie de mon mandat», souligne celui qui veut faire «entrer dans les esprits des décideurs parisiens que la Guadeloupe et Saint-Martin sont deux entités différentes». Après quatre ans de mandat, Daniel Gibbs a gagné en maturité. Ses proches le disent. «Il a beaucoup progressé». Il l’avoue aussi lui-même : «J’ai davantage d’assurance. Je maîtrise mieux la chose politique. J’ai appris beaucoup.» En tant qu’homme politique et politicien. «J’ai appris à savoir comment fonctionnent les institutions, les choses… J’ai certes commis des erreurs par le passé mais je ne les referai pas aujourd’hui», dit-il. Surtout en ce début de période électorale. «Il ne s’agit pas de dire aux gens qu’on va faire ça, ça, ça… On ne mène pas un combat pour mener un combat. Nous devons faire les choses parce qu’elles sont utiles», conçoit l’élu local. Et d’ajouter : «on ne peut pas dire n’importe quoi» en lien avec les récents propos tenus par diverses personnalités sur les 50 pas géométriques notamment. Daniel Gibbs a indiqué qu’il travaillait sur ce sujet avec un professeur. «Et quand j’aurai des réponses à apporter aux personnes, je viendrai vers elles avec des solutions», annonce-t-il. Ce qui devrait être en début d’année prochaine. «On me critique souvent de vouloir faire des études, mais je suis convaincu qu’elles sont nécessaires afin de pouvoir prendre les bonnes décisions dans l’intérêt du territoire», répète-t-il. «Je ne suis pas un intellectuel sur une chaise longue qui n’a rien à proposer».